Vu les absences au programme du côté du CF Montréal, on aurait pu s’attendre à ce qu’Opta invente une nouvelle catégorie statistique pour l’occasion : la catastrophe attendue, ou xCata. Cela n’a toutefois pas été aussi dramatique qu’on aurait pu s’y attendre. Si le but chanceux de Zachary Brault-Guillard a permis aux supporters montréalais de vivre dans l’illusion pendant une bonne partie du match, a posteriori, on ne peut que conclure que le CF Montréal ne méritait pas vraiment plus que ce qu’il a récolté au bout du compte, c’est-à-dire rien. Parce que quand on ne produit rien, on ne peut pas s’attendre à obtenir autre chose comme résultat final. Zéro pointé et trois constats.
1) Ça jouait en 2-5-3
D’accord, Wilfried Nancy a opté pour une défense à quatre, puis trois milieux à plat devant la défense, puis trois attaquants, pour un beau 4-3-3 bien classique. Mais ça, c’était sur papier. Sur le terrain, puisque les latéraux n’étaient pas là huit fois sur dix pour défendre et qu’ils étaient généralement postés plus haut que la ligne de trois milieux défensifs, ça donnait concrètement un étrange 2-5-3, globalement inefficace autant en défense qu’en attaque. En bref, c’était un foutoir comme on n’en avait pas vu depuis des lustres. Ça fait longtemps qu’on me pose la question à savoir s’il ne vaudrait pas mieux opter pour une défense à quatre pour densifier le milieu. Je réponds toujours qu’il faut s’en tenir aux principes de base qui ont été établis, soit la défense à trois. Ce match ne me fera pas changer d’avis.
2) Montréal perdait le ballon trop facilement
Montréal perdait le ballon trop facilement, et ça n’avait rien à voir avec le fait de construire à partir de l’arrière et de ne pas être le Real Madrid. Fondamentalement, c’est une question de savoir quand opter pour la sécurité. Quand un Kamal Miller, par exemple, s’empêtre dans ses dribbles en cherchant une solution inexistante en raison de coéquipiers mal placés ou en mode spectateur, il ne faut pas hésiter à botter en touche pour éviter de se faire subtiliser la balle avec personne derrière en couverture. Si dans la surface on n’hésite pas à accorder un corner quand il y a danger, on ne devrait pas hésiter à donner une touche au lieu de perdre bêtement la balle à 25 m de son but. Mais au-delà de ça, il y a aussi eu beaucoup de mauvaises passes, de dribbles de trop et de mauvaises décisions (et parfois même de non-décisions). Pour être efficace en relance sous pression, il faut jouer simple, principalement parce qu’on n’a pas le temps de réfléchir aux options. Jouer en un temps sur un coéquipier qui a deux hommes sur le dos ou sur celui qui est tout seul derrière? La question ne se pose même pas. Il faut donc cesser de se la poser.
3) Piette est en manque de rythme
Samuel Piette est parti longtemps avec l’équipe nationale canadienne, mais a très peu joué. Et c’est le CF Montréal qui en paie le prix. Déjà au dernier match, quand Piette était entré pour relever Hamdi, blessé, on sentait le milieu québécois en retard d’un temps, notamment sur la phase menant au penalty et à l’exclusion de Camacho. Avec l’absence de Wanyama, on s’attendait à voir Piette en patron du milieu, mais étrangement, on a décidé de lui greffer deux amis au lieu d’un et de le pousser du côté droit d’un milieu à trois. Signe que quelque chose ne tourne pas rond avec Samuel? Quoi qu’il en soit, le numéro 6 n’a pas apporté le volume de jeu auquel il nous a habitués et semblait parfois dépassé par les événements. S’il a pris du mieux en cours de match, sa prestation n’est pas celle qui nous fera croire que les ressources investies en Wanyama sont superflues, loin de là. Globalement, Montréal était inexistant en milieu de terrain, tout au long du match. Et ça, ça n’arrive jamais quand l’ami Victor est sur la pelouse.
Vu les circonstances, on ne déchirera pas notre chemise sur cette prestation en demi-teinte du club montréalais. Le retour de cadres devrait normalement contribuer à stabiliser le mélange, et surtout, à revenir à un schéma logique et efficace. À inscrire toutefois dans la colonne des inquiétudes, les entrées en jeu de Mihailovic et Toye qui n’ont absolument rien apporté. Un joueur de la trempe de Mihailovic, qui devrait normalement s’être établi en meneur de jeu de cette équipe, doit relever le niveau d’un cran quand il arrive du banc. Ce ne fut pas le cas. Pour Toye, même si on aurait aimé plus de vigueur, c’est plus compliqué, puisque son rendement est directement lié à ce qui se passe derrière lui. Et quand il ne se passe rien, il ne produit généralement rien. C’est la logique même. Parce que quand on ne produit rien, on ne peut pas s’attendre à obtenir autre chose comme résultat final. Laissons-nous toutefois sur une note positive, le petit plaisir de la soirée, cette passe dorée de Waterman à Brault-Guillard pour son centre-tir-on-sait-pas-trop qui a terminé dans le but. La grande classe.
Allez, on efface le tableau et on recommence, cette fois face aux Boissons énergisantes du New Jersey, à la maison, samedi prochain.
Pas de match mercredi? Place donc aux trois questions; n’hésitez pas à me poser vos questions via les réseaux sociaux et je répondrai à trois d’entre elles dans une chronique qui paraîtra jeudi.