Il faut toujours se méfier de l’animal blessé. Dans ce cas-ci, l’animal était bien mal en point; on était devant un croisement entre un bouledogue anglais diabétique et un chihuahua enrhumé avec seulement la moitié de ses crocs, aveugle d’un œil et avec une patte plus courte que les autres. Et il sentait fort mauvais, en plus. Tout indiquait donc qu’il fallait faire très attention en l’approchant. Et Montréal l’avait bien compris. Jusqu’à l’ouverture du score, du moins. Une morsure et trois constats.
1) Montréal a péché pas excès de confiance
Ça allait plutôt bien pour les hommes de Wilfried Nancy. Le ballon circulait bien, on se créait des occasions, l’adversaire était carrément moisi et ne parvenait pas vraiment à se projeter dans la moitié de terrain montréalaise. Ça allait si bien qu’on a senti les Montréalais en contrôle de leur sujet, plein de confiance, sûrs d’eux. Et ça a porté fruit quand Torres, l’homme en forme du moment, a bien suivi une action rondement menée pour ouvrir le score. Et Montréal a semblé croire que c’était plié. Les hommes en noir se sont soudainement égarés et ont eu de la difficulté à retrouver leurs marques sur la pelouse de Miami. La circulation était moins fluide, on ne poussait pas pour plier le match… et on connaît la suite. Le chien puant a mordu.
2) Ça manque grandement de confiance en défense
Le constat est on ne peut plus évident, mais avec les ratés des derniers matchs, on sent que la défense ne respire pas la confiance. Entre décisions étranges et réactions en retard, on est souvent au bord de la catastrophe quand Camacho est épaulé par Bassong et Waterman. Ça hésite, ça tergiverse, ça essaie un peu n’importe quoi et ça met les autres dans de beaux draps. Les deux jeunes ont de toute évidence raté leur audition en l’absence de Struna et Miller, dont le retour fera le plus grand bien. Thorkelsson est maintenant prêt à agir et passera par défaut devant Waterman dans la hiérarchie. Dur pour le défenseur canadien, mais il faut se rendre à l’évidence : Waterman, ça ne va pas. Si Bassong peut au moins s’expliquer en disant qu’il ne joue pas à sa position naturelle, pour Waterman, il ne reste que l’avantage du contrat pas très pesant selon les critères MLS pour justifier sa présence en nos terres. Et ça, ce n’est pas suffisant.
3) C’est compliqué pour Pantemis
D’accord, le jeune gardien n’a pas assez joué et paie directement le coût lié à l’absence d’une équipe réserve à Montréal pendant toutes ces années. Mais alors que Diop se rapproche d’un retour et que le bilan sera bientôt fait sur les prestations de Pantemis, la balance des souvenirs penchera nettement plus du côté des erreurs évitables que des arrêts de qualité. Encore une fois, face à Miami, on a vu un manque de confiance balle au pied et, surtout, un but évitable accordé à l’adversaire par péché de main molle. Est-ce grave? Pas si on accepte, comme le disait Olivier Renard en entrevue récemment, que Pantemis fait à 24 ans les erreurs qu’il aurait dû faire à 20 ans. Sans jouer, pas de progression possible. Grâce aux décisions étranges du passé, on se retrouve avec un gardien de 24 ans qui effectue sa post-formation en équipe première. Ce n’est pas l’idéal, loin de là, mais il vaut mieux maintenir le cap. Ça fait mal, c’est difficile, mais la meilleure façon de grimper la côte est encore de ne pas s’arrêter de pédaler.
On aurait dû le voir venir. Après tout, Montréal avait donné une bien belle performance dans un match où ne l’attendait pas, contre New England. Il fallait donc, comme c’est la coutume avec ce club depuis 2012, compense rapidement avec une défaite contre un adversaire minable. Dans le fond, ce n’est pas si grave. C’est comme si le CF Montréal avait fait match nul contre Miami et perdu contre New England. Si ça avait été le cas, on se serait dit que c’est normal, même si c’est un peu dommage de ne pas avoir pris les trois points contre Miami. En plus, on sait Montréal capable de mieux que ce qu’on a vu après l’ouverture du score samedi dernier. On a vu aussi un Miami pas très menaçant et super opportuniste profitant d’erreurs individuelles qu’on ne voyait pas avant la disparition fortuite de Miller et Struna, qui seront bientôt de retour. Bref, pas de panique, les amis. Pas la peine de tout envoyer aux poubelles, surtout pas le schéma tactique, qui n’est en rien responsable de la défaite à Miami. On respire par le nez, il fait beau.
Allez hop, au stade Saputo, avec 15 000 spectateurs (autorisés du moins), bref, un premier vrai de vrai match chez nous depuis fort longtemps. Souriez un peu, quoi.