Enfin! Après une saison morte infernale à la suite d’un changement d’identité qui a mis le feu à la poudrière des supporters montréalais, l’Impact, transformé en CF Montréal, était de retour à la compétition et recevait en Floride son rival torontois. Et quel retour réussi! La troupe montréalaise était partout, tout le temps, a dévoré son adversaire et a mis tout le monde d’accord, pour une fois. Si certains rêvent déjà d’une saison glorieuse, il convient de leur pointer du doigt un autre club montréalais pour lequel la patinoire s’est vite transformée en terrain glissant. Mais ne boudons pas notre plaisir : un premier match et trois constats!
1) Le CF Montréal a poursuivi le travail de l’Impact
Le logo et le nom ont changé, les couleurs ont été altérées, Henry s’est barré, mais ne vous y méprenez pas, ce qu’on a vu sur le terrain de l’Inter Miami était en parfaite continuité avec ce qu’on avait vu en 2020. La grosse différence vient évidemment du recrutement qui a été fait. Les nouveaux employés embauchés par Olivier Renard répondaient à des besoins et possédaient les qualités et les profils recherchés. Pas surprenant donc de voir un Mihailovich bien présent, un Kizza incisif, même si peu sollicité en raison de la menace persistante de Laryea sur son flanc, et un Miller qui semblait toujours avoir joué pour cette équipe. Pas surprenant non plus de voir des remplaçants apporter quelque chose de pertinent à leur arrivée sur le terrain.
2) Samuel Piette n’est pas un 8
Si ce match a mis en évidence la justesse du recrutement du directeur sportif belge, il a aussi permis de confirmer ce qu’on savait déjà : Samuel Piette n’est pas un 8. Remis à sa position naturelle, le co-capitaine montréalais a passé 90 minutes à casser le jeu de son adversaire. Wilfried Nancy avait vu ce que tout le monde avait vu le mercredi précédent quand Toronto a terrassé Leon : ça jouait droit devant, pour ne pas dire en ligne droite, avec un Bradley qui montait très haut contrairement à son habitude. Placer Wanyama et Piette côte à côte était donc le choix logique, et l’ami Samuel a pris son pied en mettant celui-ci continuellement dans les pattes des Torontois tout l’après-midi. C’est sa spécialité. C’est connu. Cette tentative d’en faire un 8 en 2020 demeure au mieux étrange. On n’empêche pas les papillons de voler, alors pourquoi empêcherait-on cet homme de briser le jeu de l’adversaire? En fait, la paire Wanyama-Piette a été excessivement efficace pour effacer la verticalité du jeu torontois et a fait montre d’une complémentarité qu’on ne soupçonnait pas. Tantôt à gauche, tantôt à droite, ça s’échangeait les postes allègrement et efficacement, si bien que Toronto a rarement approché de la surface montréalaise. Solide spectacle.
3) Hurtado a réussi son entrée
Beaucoup de commentaires positifs ont été adressés à Mason Toye, même si l’attaquant américain a bien commencé, mais s’est rapidement effacé. Heureusement, l’homme venu le remplacer, Erik Hurtado, a fourni une solide performance même si on ne s’attendait pas à grand-chose de sa part. Toujours bien placé pour recevoir des passes, il a été magistral pour protéger le ballon et permettre à son équipe de remonter le terrain. N’hésitant pas à défier les défenseurs à un contre un, il a aussi été très intelligent et patient dans son jeu balle au pied, ce qui a donné une belle bouffée d’air frais au onze montréalais en fin de match et lui a permis d’enregistrer sa première passe décisive sur le superbe but de Mihailovic. Encore une fois, le recrutement intelligent d’Olivier Renard est à souligner, puisque Hurtado amène exactement ce que Ballou aurait dû amener depuis belle lurette. Concurrence, quelqu’un?
Bref, cette première sortie des Montréalais est réussie et permet de regarder la suite avec optimisme. Toutefois, ne vous emportez pas. Si cette prestation est positive, il convient toutefois d’y apporter un bémol. D’abord, l’adversaire du jour, lourdement déforcé, qui avait par ailleurs surperformé à peine trois jours auparavant en Ligue des champions, y laissant quelques plumes et beaucoup, beaucoup d’énergie. D’accord, Montréal avait également sa part de défis, mais il ne faut pas se leurrer : ce n’est pas Toronto qui était sur le terrain samedi, mais plutôt une pâle imitation de son concept. Et malgré tout, Montréal est encore parvenu à encaisser deux fois. Quand on vous parlait en début de texte de continuité, celle-ci s’exprime aussi dans l’aspect défensif ou, comme en 2020, on a pu voir des séquences difficiles empreintes de panique, de réactions tardives et de décisions douteuses. La paire Waterman et Camacho a pêché plusieurs fois, et ne se contentant pas d’échapper à un penalty indiscutable en première mi-temps, elle a décidé de rapidement remettre le couvert quelques minutes plus tard pour donner à Toronto la possibilité de s’exécuter du point de penalty. Waterman fut aussi déjoué comme un débutant par Laryea sur le second but du rival torontois. Errements défensifs à la sauce 2020. À éliminer rapidement pour éviter le même genre de saison que celle vécue l’an dernier.
Et parlant de saison, elle se poursuit la semaine prochaine, à Nashville, petite équipe bien rodée qui avait surpris par sa solidité défensive l’an dernier. Un test qui devrait permettre de dresser un portrait plus clair de la situation avant la réception de Columbus, qui s’annonce plus compliquée.