Club de Foot Montréal : Trois constats sur l’identité

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J’aurais pu couvrir ça comme une simple nouvelle. Vous dire que l’Impact avait changé de nom, vous présenter le nouveau logo. J’aurais pu demander à un expert en la matière de décortiquer la nouvelle identité. J’aurais aussi pu dessiner mon propre logo pour montrer ce qu’on aurait pu faire d’autre. Mais en toute honnêteté, ce n’est que maintenant, près de deux semaines après le coup asséné par l’Impact à ses plus fidèles adeptes que je trouve enfin la motivation pour m’exprimer sur le sujet. Ne vous méprenez pas, la plaie est loin d’être refermée. En fait, le poignard est encore profondément incrusté dans le dos. Mais petit à petit, les mots me viennent. Toutefois, comme les atrocités, non-sens et idioties entourant ce sombre chapitre de l’histoire du club sont légion, il est impossible de parler de tout. Le format habituel se prête donc parfaitement à l’exercice… Un affront, trois constats.

1) Ce nom est horrible
J’ai eu la peine de vous annoncer moi-même le nouveau nom de l’Impact plus d’un mois avant la confirmation officielle. Force est de constater que même après plus d’un mois de préparation mentale, le choc a été dur : impossible d’accepter cette horreur. Ça fait mal, chaque fois qu’on le lit. Ça irrite, chaque fois qu’on l’entend. Et ce n’est pas nécessairement parce qu’on est réfractaire au changement. Non. C’est simplement parce que c’est un nom idiot. Et les explications, bancales tout au mieux, n’ont rien arrangé. « Le football, c’est les Alouettes, donc on a pris foot. Et puis ça fait plus international. » Ça situe un peu le niveau de réflexion derrière la manœuvre. Non, ça ne fait pas plus international. Ça fait juste plus con. Au moins, l’objectif de se rapprocher de la « culture foot » est réussi, puisqu’on a réussi à attirer l’attention de So Foot.

2) Le logo n’est pas foncièrement mauvais
On ignorera le fait qu’il a été grossièrement inspiré du logo d’un club amateur local relativement connu des gens du milieu. Mais bien franchement, le logo n’est pas mauvais, du moins dans son intention. L’effort est louable. La finition, par contre, est atroce. Deux fois le nom (horrible) complet sur le logo? Les fleurs de lys les plus génériques possible, comme si on avait pris le premier résultat après une recherche dans Google Images? Ça manque de sérieux. Bon, il est vrai que ne mettre le nom qu’une seule fois aurait obligé à écrire Club de Foot en grosses lettres, un choix qui aurait certainement été mal avisé. Par contre, comment rater l’occasion de réutiliser la fleur de lys du logo précédent afin d’établir un lien avec le passé? Ce logo n’est pas à jeter complètement à la poubelle, car il constitue une bonne base sur laquelle travailler. Hmm. Tout bien réfléchi, tant qu’à le modifier, aussi bien recommencer à zéro avec des avis extérieurs…

3) On a encore une fois oublié les supporters
Un club de soccer professionnel n’est pas une banque, une marque de vêtements, ni un fabricant d’électroménagers. La grande majorité des clubs qui ont confié leur image à des experts du marketing ou du design qui ne sont jamais sortis des salles de réunion pour solliciter l’opinion des supporters se sont plantés. L’Impact en fait désormais partie. Parce que, non, même servi avec un brin d’arrogance et un clin d’œil, du genre « qu’est-ce que vous croyez que c’était? », la campagne intitulée « L’Impact montréalais » ne constituait pas une forme valide de consultation des supporters. Pire encore, le présenter comme tel est horrifiant. En somme, ce qu’on nous dit, c’est qu’on a demandé aux supporters d’expliquer tout ce que l’Impact de Montréal représentait pour eux… dans le but de tout effacer quelques mois plus tard. « Salut, Joe, parle-moi de ton amour pour l’Impact (pour que je puisse mieux t’arracher le cœur dans un an, mais ça, je ne te le dis pas) ». Si ça, c’est consulter les supporters, rappelez-moi de ne pas répondre au téléphone si je vois CF Montréal s’afficher à l’écran. C’est probablement l’aspect qui me dégoûte le plus dans toute cette tornade de baratin servie le 14 janvier et dans les entrevues ayant suivi cette présentation. À Sankt Pauli, des têtes auraient sans aucun doute été mises à prix.

Heureusement, et malheureusement, la grande majorité des gens n’aime pas l’identité présentée par l’Impact le 14 janvier.

Malheureusement, car le club a l’air franchement idiot en ce moment. Il a fait rire de lui à l’étranger comme ici, où l’émission Infoman n’a pas raté l’occasion de se moquer du déplorable spectacle servi le 14 janvier. La tache va rester. Longtemps.

Et heureusement, car le verdict est quasi-unanime : autant les adeptes du club que ceux qui le regardent de loin, voire de très loin, semblent trouver ce changement d’identité ridicule. Et puisque la voix des supporters, si elle est forte en ce moment, n’est probablement pas suffisante pour atteindre les tympans d’une organisation qui se fout éperdument de leur avis, l’opinion publique, elle, peut avoir un puissant effet dissuasif.

Il semble toutefois que beaucoup de supporters mécontents ont compris qu’on ne les écouterait pas et ont choisi de répondre aux arguments, pour la plupart économiques, du club avec leur portefeuille, en demandant de se faire rembourser leur abonnement. Il n’en fallait pas plus pour que les oiseaux de malheur commencent à parler des Expos, qui n’ont pas survécu à la désertion des spectateurs. Or, si l’Impact devait éventuellement mettre les voiles vers une autre destination, il serait beaucoup trop facile de blâmer les abonnés mécontents. Si ce club vient un jour à déménager, ce sera parce qu’il aura constamment tenté de s’adresser à des gens qui ne venaient pas au stade plutôt que d’entretenir le dialogue avec ceux qui y prenaient place match après match. Ce changement d’identité en est l’illustration parfaite.