New England-Montréal : Trois constats sur l’Impact

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La mission s’annonçait compliquée pour l’Impact. Mais au final, il ne lui a manqué qu’un petit quelque chose pour surmonter son adversaire, malgré un effectif bancal. Il s’en est fallu de peu quoi. Si la défaite est inscrite aux livres, il ne faut toutefois pas ignorer la victoire morale acquise sur le terrain en plastique du Revolution. Un but dans les arrêts de jeu, trois constats.

1) Camacho en 6, on l’avait pas vu venir
Sauf évidemment pour plusieurs membres des médias qui avaient de toute évidence été mis au parfum et qui ont essayé de jouer la dégoulinante carte de l’analyse savante, on n’attendait pas Camacho au poste de sentinelle devant la défense. Force est de constater que le défenseur central français a joué un fort match et que si l’expérience était à refaire, on amorcerait la mission avec une bien plus grande paix d’esprit qu’à l’entame du match à Foxborough. Infatigable (mais pas tout à fait), Camacho a efficacement rempli son rôle et nous a même offert quelques belles séquences balle au pied. Heureusement toutefois que New England avait décidé de ne pas trop appuyer sur le pressing haut, se méfiant comme de la peste des longs ballons dans les espaces, car ça aurait pu se compliquer rapidement pour l’ami Rudy. Bref, ce changement de costume (et de schéma) a apporté de bons côtés, mais…

2) Le changement de schéma a coûté deux buts
En abandonnant la défense à trois en envoyant Camacho devant la défense, tout en gardant trois attaquants (dont un qui n’a servi à rien), Thierry Henry a été l’architecte de son propre malheur. En premier lieu, le but de Carles Gil, s’il est bien joli, découle directement de l’absence d’un troisième défenseur central. Gil, constatant que Sejdic était obnubilé par le ballon en a profité pour se balader tranquillement dans son dos, tout seul, jusqu’au second poteau, où Fanni et Brault-Guillard se sont retrouvés en infériorité numérique. Si l’absence momentanée de Sejdic est une erreur évidente, peut-on l’attribuer à l’habitude de jouer avec trois défenseurs centraux? La question se pose. Ensuite, on attendait avec impatience la montée de Kizza, ce qui fut fait à la mi-temps. Mais avec Mustafa aurait dû arriver la directive de replacer Camacho en défense centrale. Facile à dire avec le recul me direz-vous? Oui et non. L’Impact devait marquer, Kizza était un changement offensif et pour pleinement profiter de son apport offensif, ainsi que de celui de Brault-Guillard, il fallait repasser en 3-4-3, c’est-à-dire à la défense à trois. Si la manœuvre de commettre Sejdic et Maciel devant la défense pouvait sembler risquée, il était encore possible de revenir au plan A en cas de besoin ou après l’égalisation. Autrement, l’ajout de Waterman et le retrait de Jackson auraient pu être envisagés. Malheureusement, ce choix a fait en sorte que Camacho s’est lentement, mais sûrement, épuisé, et son épisode de crampes vers la fin du match a directement contribué au but de la victoire des Revs, Camacho s’étant effondré dans la surface en se tenant la jambe, ce qui laissait le champ libre à Bou.

3) ZBG n’est plus le ZBG du début de saison
En début de saison, nombreux étaient ceux et celles qui s’enthousiasmaient devant le jeu offensif de Zachary Brault-Guillard. Mais bien vite sont arrivés des nuages, tandis que Thierry Henry laissait entendre que le jeune latéral canadien avait des lacunes à corriger sur le plan défensif. Avançons la cassette jusqu’au match de séries face à New England. Brault-Guillard, en raison du changement de schéma tactique, se retrouvait confiné dans un rôle presque uniquement défensif. Et si on l’a peu vu sur le plan offensif, Brault-Guillard a été excellent, imposant et inspirant sur le plan défensif. Pratiquement toujours au bon endroit, intraitable en un contre un, ZBG a donné des maux de tête à Bunbury (qu’on a donc très peu vu) en plus de complètement dominer les échanges avec Jones tout au long du match. Une prestation aboutie du numéro 15 de l’Impact, probablement le meilleur des siens, qui a dû faire bien plaisir à son entraîneur.

Mais au-delà des détails, il faut regarder le portrait global. L’Impact, avec un effectif auquel il manquait d’importants morceaux, est parvenu à pousser les Revs à l’ultime limite des arrêts de jeu. Cette amère défaite débordant de force de caractère pourra servir de point de référence pour la suite des choses. Un tel match permet de bien évaluer les acteurs, et sur bien des aspects qu’on ne voit peut-être pas toujours dans des matchs de saison régulière. Il faut reconnaître que peu de joueurs ont remis une pâle copie, et si pour un, Maciel ne semblait pas dans son assiette, les autres « coupables » font partie des suspects habituels : un Corrales limité et un Jackson transparent. Si les points à améliorer étaient probablement déjà bien clairs pour Olivier Renard, cette prestation aura le mérite de préciser certains dossiers peut-être un peu plus flous, par exemple celui de Bojan, actif et entreprenant en première mi-temps, puis presque complètement absent lors du second engagement.

Toutefois, l’heure n’est pas encore totalement au mercato. Il reste un quart de finale retour de ligue des champions à préparer. Et il arrivera très vite.