Une défaite à Philadelphie n’est évidemment pas un résultat catastrophique pour l’Impact. L’Union a un système bien en place, des joueurs qui maîtrisent leur rôle à la perfection et un collectif résolument bien soudé. Tout cela a été acquis au fil du temps, après plusieurs années de travail. L’Impact, lui, n’a eu que quelques mois pour constituer les bases de ce que l’on peut voir sur le terrain, le tout entrecoupé de coupures et de défis amenés par une pandémie mondiale. Malgré tout, les hommes de Thierry Henry ont fait suer leur adversaire à grosses gouttes. Retour sur le match en trois constats.
1) L’Impact a fait jeu égal avec Philadelphie
Sur l’ensemble du match, difficile de dire qu’une ou l’autre des équipes a eu le dessus. Le match, s’il s’est terminé sur un résultat positif pour les locaux (ce qui, malheureusement, est la seule chose que bon nombre de supporters semblent retirer de cette prestation), était fort équilibré et aurait clairement pu basculer dans un sens comme dans l’autre. N’eût été deux errements défensifs du côté montréalais, l’un d’eux ponctué par une intervention complètement ratée de Clément Diop, l’issue aurait pu être bien différente. Mais tactiquement et physiquement, l’Impact était bien dans ce match et, bien franchement, un match nul aurait été un résultat plus juste pour les Montréalais.
2) Les rôles ont changé au milieu du terrain
Contrairement à ce qu’on a pu voir lors des dernières semaines, alors que Thierry Henry alignait trois milieux de terrain à plat devant la défense, sur la pelouse de l’Union, les milieux montréalais s’alignaient en triangle, Amar Sejdic ayant été placé devant la paire Wanyama-Piette dans un rôle plus porté vers l’attaque. Piette avait d’ailleurs lui aussi hérité d’un rôle différent, plus axé sur l’aspect défensif, tandis que Wanyama faisait l’ascenseur entre les deux surfaces plutôt que de rester en retrait. La présence de Brenden Aaronson sur le flanc gauche de l’Union, ou plus précisément dans le « half-space » généralement patrouillé par Piette, explique probablement le changement de mission du milieu québécois. Pour Wanyama, on a pu pour une fois constater la qualité de son apport aux abords de la surface adverse. Sejdic quant à lui, a pleinement déployé ses ailes en seconde mi-temps, et ce n’était pas déplaisant, loin de là.
3) Quioto est indispensable
Si Sejdic a déployé ses ailes en seconde mi-temps, il aura fallu attendre la montée au jeu de Romell Quioto pour voir le jeune milieu de terrain s’envoler. Car avant cela, force est de constater que ça manquait d’âme et de vivacité dans le tiers offensif. Mason Toye, en manque de rythme et sans repères, n’est pas parvenu à se mettre en évidence, tandis que Bojan, après quelques matchs de bonne facture, est vite revenu à ses anciennes hésitations, causant plusieurs fois des ratés sur le plan de la communication, principalement avec Corrales. Mais Quioto, dès ses premières minutes de jeu, nous a rapidement rappelé qu’il manquait énormément à l’Impact. Par ses appels en profondeur et son jeu physique, l’attaquant hondurien est parvenu à déstabiliser la défense adverse à plusieurs reprises. L’Impact avec Quioto est une tout autre équipe que l’Impact sans Quioto. C’est l’homme de la situation devant, il n’y a vraiment aucun doute là-dessus. Il faudrait peut-être songer à lui faire signer rapidement un contrat à long terme.
Il faut aussi souligner la montée au jeu fort positive de Ballou qui, malgré les souliers de plombs qui viennent avec une longue absence, est parvenu à tirer son épingle du jeu plusieurs fois, le tout ponctué de quelques gestes techniques absolument exquis, animant un flanc gauche sur lequel il ne se passait que très peu de choses probantes jusque là. En fait, Ballou est probablement le joueur montréalais qui a le mieux combiné avec ses coéquipiers (oui, avec Corrales aussi) lors de ce match, un fait à noter, puisqu’on lui a parfois reproché de la jouer un peu trop solo lors de ses rares apparitions. S’il poursuit dans cette veine et évite les blessures, Ballou peut très certainement devenir un atout important pour l’Impact.
Bref, pour résumer tout ça, mercredi, l’Impact avait joué un match moyen, mais avait battu un des ténors de l’est. Je vous avais dit alors que ce qu’il fallait retenir, c’est que l’Impact avait battu Columbus et constituait une meilleure équipe que ce qu’il avait montré. La conclusion s’applique encore une fois : l’Impact a fait jeu égal avec une des meilleures équipes de MLS et est sans aucun doute capable de jouer mieux que ça encore. Cela étant dit, faire jeu égal avec les meilleurs, c’est bien, mais ça ne sert à rien si on perd des points contre des équipes de milieu de classement.
La suite mercredi contre New England, à « domicile » cette fois.