Ça ne s’annonçait pas facile, et ce ne le fut pas. Columbus a eu beau essayer, la défense de l’Impact a plié, mais n’a pas rompu, sauf une fois, un peu par accident. Montréal s’échappe de l’Ohio avec les trois points, un scénario sur lequel peu auraient parié avant le match, surtout pas Caleb Porter, dirait-on. Trois points, enfin, et trois constats.
1) Caleb Porter a regardé les cassettes de 2019
C’est la seule explication logique qui explique l’entame de match du Crew. L’entraîneur des jaune et noir semblait avoir indiqué à ses hommes de laisser le ballon à l’Impact et de frapper en contre-attaque. Il y a un an, c’était le choix logique pour passer une soirée tranquille à domicile contre l’Impact; Montréal était incapable de jouer autrement qu’avec des passes latérales et se créait fort peu d’occasions. Mais en 2020, on le sait, plus rien n’est comme avant. Et donc, dès les premières secondes de jeu, on a pu voir Corrales balle au pied dans le dernier tiers et pas moins de quatre joueurs montréalais attaquer la surface pour offrir des options au latéral gauche. En fait durant les vingt-cinq premières minutes de jeu, ça se passait surtout dans le camp de Columbus, et le ballon était montréalais. Il a fallu que l’Impact ouvre le score pour que Columbus se mette à jouer.
2) C’était compliqué pour Fanni
Auteur d’un très fort match en l’absence de Luis Binks contre Chicago, Fanni a été muté dans la partie droite de la défense centrale au retour du défenseur anglais. Et ça a été compliqué. Souvent mal positionné, parfois aux fraises dans ses interventions et même percutant son propre gardien, Fanni a connu une très difficile première mi-temps. Si les choses se sont légèrement améliorées en seconde mi-temps, c’était loin d’être probant pour le défenseur français. Comme le duo Corrales-Raitala faisait office de portes tournantes plus souvent qu’à son tour, aurait-il été avisé de sortir Raitala au profit de Camacho, solide au match précédent, et de replacer Fanni à gauche dans l’espoir qu’il retrouve ses marques plus facilement de ce côté? D’accord, dans un match serré comme celui-là, faire entrer Gaston Lagaffe en défense n’est peut-être pas l’idée la plus lumineuse. Reste que c’était compliqué pour trois des cinq défenseurs, et que dans le cas des deux autres, un était chargé de projet offensif et l’autre collectionnait les fautes, en plus d’être responsable du seul but encaissé…
3) Piette était l’ombre de lui-même
Samuel Piette a rendu de fiers services à cette équipe cette saison. Même en devant découvrir et apprivoiser un nouveau rôle, le milieu québécois était au centre des débats dans la grande majorité des matchs cette saison. Mais à Columbus, on aurait dit qu’il portait un sac à dos contenant tout le poids des minutes accumulées cette saison. Dans un match où son apport aurait dû être beaucoup plus significatif sur le plan défensif, Piette a simplement disparu des radars, et n’était pas un facteur, ni offensivement, ni défensivement. Résultat? Pedro Santos faisait la pluie et le beau temps dans le camp montréalais, ne rencontrant sur sa route que l’ombre du pitbull qui surveille habituellement le secteur. Quant à Victor Wanyama, ce n’était pas beaucoup mieux. S’il n’a pas été mauvais, on ne sentait pas son habituelle présence physique.
Bref, faisons les comptes. Le milieu de terrain était douteux. La défense était fébrile. Le gardien, s’il a embelli quelques arrêts plutôt faciles, n’était guère plus rassurant, surtout sur les balles aériennes, et affichait généralement un air de panique plutôt qu’un air de confiance. Offensivement, c’était joli par moments, mais ça manquait de poids et de justesse. Mais l’Impact a gagné. Grâce notamment à Columbus, qui a commencé à jouer après une demi-heure seulement. Grâce aussi à Thierry Henry, qui a su reconnaître que ce n’était un bon jour pour à peu près personne et qui a choisi en cours de match de remiser l’idée de la relance courte, pour éviter de subir trop de pression trop rapidement contre une des meilleures équipes de MLS. Malgré tout, si Columbus a eu amplement d’espace pour manœuvrer et si la défense montréalaise était souvent débordée, les locaux ne se sont pas non plus créé énormément de chances de marquer et ne sont parvenus à inscrire qu’un but gag. Parfois, le foot, c’est un peu bizarre. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’Impact a battu Columbus et qu’il constitue, on le sait, une meilleure équipe que ce qu’il a montré lors de ce match.
Prochaine étape : l’Union, à Chester, dimanche soir.