Au moins, il n’y a pas eu de carton rouge. Par contre, il y avait un mur, un inévitable et évident mur, qui devait arriver, un moment donné, au détour d’un virage, dressé en plein milieu du chemin. Ce mur, c’était New England et son terrain horrible indigne d’une compétition comme celle de la Major League Soccer. Trois autres buts contre et trois constats.
1) La défense était ailleurs
Thierry Henry avait choisi de revenir à son schéma à cinq défenseurs, en plus de titulariser Karifa Yao en défense centrale. Malheureusement, ce choix a fait en sorte de doublement déstabiliser la ligne arrière. Si se réapproprier le schéma n’aurait dû prendre que quelques minutes, la présence de Karifa Yao, inexpérimenté et n’ayant pas joué un match complet depuis environ 1200 ans, absence d’équipe réserve oblige, a compliqué la tâche de Luis Binks, qui nous a servi son pire match depuis son arrivée à Montréal. En conséquence, les hésitations et les problèmes de communication étaient légion et ont coûté très cher, comme on peut le voir clairement sur le second et le troisième but du Revolution. Lors du second but des locaux, la défense, passive, regarde New England jouer et marquer, tandis que sur le troisième, l’absence de communication entre Binks et Yao permet à Fagundez de se promener librement au milieu du terrain, comme s’il gambadait dans les prés, et si la situation est somme toute récupérable, Yao est complètement obnubilé par le ballon et oublie Fagundez dans la surface. Ce n’est pas de sa faute, au pauvre Karifa; il n’a pas joué au foot depuis 1200 ans.
2) Il aurait fallu arrêter les relances courtes
La fébrilité de la défense, voire son inaptitude par moments, n’aidait pas non plus lors de la relance. Comme la majorité des entraîneurs de nos jours, Thierry Henry privilégie la relance courte, c’est-à-dire une courte passe du gardien à un défenseur, généralement dans la surface, afin de construire le jeu à partir de l’arrière. Sauf que, parfois, il arrive de tomber sur un adversaire qui presse haut et le fait très bien. New England étouffait Montréal, qui avait toutes les difficultés du monde à sortir le ballon de son dernier tiers. Malgré tout, l’Impact a persévéré. Jamais n’a-t-on vu Diop dégager sur un coup de pied de but, rarement a-t-on vu le jeu s’allonger. Personnellement, quand j’essaie de rentrer dans le métro, mais que la porte est verrouillée, je ne reste pas devant la porte à la pousser sans arrêt pendant une heure. Je change de tactique pour parvenir à mes fins. Et vous?
3) L’Impact était largué physiquement
C’est le mur dont je parlais dans l’introduction de ce texte. L’Impact en était à son huitième match en un mois et à son cinquième match en 14 jours, sensiblement avec le même onze de départ. Ça ne pouvait simplement pas tenir. Si on a vu en première moitié de mi-temps du beau jeu positif, vers l’avant, et une envie d’activer le rythme, ça n’a pas tenu longtemps. Déjà en fin de première mi-temps, on sentait les jambes lourdes et le manque de ressources, et New England, ayant senti l’odeur du sang, en a profité pour ouvrir le score. Si l’Impact possédait les qualités techniques et tactiques pour inverser la tendance en seconde mi-temps, il n’avait malheureusement pas l’essence nécessaire dans le réservoir pour se rendre à destination.
Vu la suite du calendrier qui s’annonce corsée, avec une autre séquence de cinq matchs en 14 jours dans un avenir rapproché, cela soulève donc la question de la gestion de l’effectif. Il faudra inévitablement intégrer de temps en temps des jeunes, inexpérimentés et n’ayant pas joué un match complet depuis environ 1200 ans, avec tout ce que cela comporte de difficultés pour ceux qui les entourent. Le défi est donc de taille pour Thierry Henry, qui devra trouver l’équilibre entre la stabilité et la rotation de l’effectif. Un équilibre fragile, qui pourrait, s’il n’est pas maîtrisé, précipiter l’Impact vers le fond.
Suite ce dimanche, contre les Red Bulls, avant une courte pause bien méritée.