Pour qu’il y ait des bons matchs, il en faut des mauvais. Autrement, on ne pourrait pas comparer le bon et le mauvais et on perdrait rapidement nos repères. Montréal et Toronto se sont bien assurés que personne ne perde ses repères lors de ce non-match ayant plus ou moins lieu au stade Saputo. La rencontre, d’une nullité abyssale, devrait normalement sombrer dans l’oubli rapidement, mais il y a fort à parier qu’elle deviendra plutôt une référence. « Ça me rappelle ce match contre Toronto pendant la COVID; tu te souviens à quel point c’était mauvais? » Trois constats sur le néant total.
1) Ça ne volait pas haut
D’accord, bien des joueurs dans les deux camps auraient voulu ne pas jouer le match pour souligner leur appui au mouvement Black Lives Matter. Or, à partir du moment où on décide de jouer le match et que le coup d’envoi est donné, il faut le jouer. Malheureusement, ça manquait d’envie, d’intérêt et de volonté, et le spectacle en a grandement souffert. Ce match, qui comptait pourtant pour deux compétitions officielles, avait l’allure d’un match d’entraînement intra-équipe. Je le répète après chaque match contre Toronto, mais de grâce, cessez de nous bassiner avec cette supposée « rivalité ». Sur la pelouse du stade Saputo, le 28 août 2020, nous avons eu la preuve hors de tout doute que cette rivalité n’existe pas, sur le terrain du moins. Même Jozy Altidore semblait plus apprécier ses adversaires que ses coéquipiers…
2) Le schéma a somme toute donné de bons résultats
Malgré la pauvreté ahurissante du match, il faut souligner que le schéma ramené à la suite du match contre Vancouver, dans lequel on alignait trois milieux défensifs devant la défense à quatre, a plutôt bien fonctionné. D’accord, Toronto semblait en mode touriste et jouait à court d’attaquants après la blessure de Mullins, mais même en jouant avec un pied sur le frein, Toronto a dans ses rangs suffisamment de talent pour accélérer et faire la différence. Or, les rouges, Pozuelo en tête, ont peiné à trouver la faille dans la muraille montréalaise. Il aura fallu une action pour tout faire tomber, quand Diop a bloqué le tir de Piatti Pablo sur la main du pauvre Maciel qui n’y pouvait rien. Un instant plus tard, Pozuelo convertissait le penalty, et c’étaient là les deux seuls tirs cadrés des Torontois de toute la soirée. Voilà pour les adeptes du verre à moitié plein.
3) L’Impact était grillé
Cette saison hors de l’ordinaire comporte sa part de difficultés. Un effectif qui n’est pas à 100 % et qui joue deux fois en trois jours, c’est dur. Et ça a paru, surtout dès le début de la seconde période : la plupart des Montréalais semblaient avoir changé leurs souliers pour des sabots de plomb à la mi-temps. Ça n’avançait plus, à l’instar d’un Brault-Guillard qui trottinait dans sa moitié de terrain pour revenir en défense. Comme pour Urruti, qui n’avait visiblement plus rien dans les jambes (bien qu’il ne s’en soit pas servi pour autre chose que de se déplacer). Aussi comme Quioto, qui avait le pas lourd et n’exhibait son explosivité habituelle. C’est un peu pourquoi Shamit Shome a si bien paru dès sa montée au jeu. L’énergique milieu de terrain courait et ça détonnait beaucoup au milieu d’un match aux allures de 4e division O-35.
Bref, c’était pas joli, c’était pas génial et c’était franchement chiant.
Prochain match mardi soir, destination Toronto. En cas de défaite, il faudrait un solide miracle pour que l’Impact se retrouve en finale du Championnat canadien, tandis que les Whitecaps seraient hors course. La table est mise.