La ville de Charlottetown est sûrement bien charmante, mais Thomas Meilleur-Giguère ne saurait vous le dire puisqu’il se trouve présentement dans la bulle de compétition de la Première ligue canadienne à l’Île-du-Prince-Édouard, à l’instar des joueurs des huit équipes du circuit canadien. Ceux-ci sont sur place dans le but de disputer le Championnat de l’Île, qui a commencé jeudi dernier et se poursuivra jusqu’à la fin du mois de septembre.
La vue de l’extérieur qu’a le défenseur de 22 ans depuis la chambre du sixième étage de l’hôtel où il loge a néanmoins du cachet puisqu’il s’agit de la marina qui donne sur la rivière Hillsborough.
Reste que la vie de Meilleur-Giguère, de ses coéquipiers du Pacific FC et des autres clubs de la PLC se limite désormais aux matchs, aux entraînements et à la vie en confinement à l’hôtel. Mais l’ancien espoir de l’Impact de Montréal ne s’en plaint pas.
« Par moments, tu te dis qu’effectivement (le temps) est long, mais on a tous eu une année difficile avec ce qui s’est passé dans le monde, alors le fait d’être ici et d’avoir la chance de jouer, on en profite », a indiqué Meilleur-Giguère à Viau Park quelques heures avant le premier match du Pacific FC, samedi (nul de 2-2 contre HFX Wanderers).
« Quand tu mets 160 joueurs au même endroit, il y en a qui ont de moins bonnes journées mais de façon générale, tout le monde est de bonne humeur et ça va super bien. »
Une longue journée
Le plus difficile, selon Meilleur-Giguère, ç’a été le voyage de Victoria, là où évolue le Pacific FC, jusqu’à Charlottetown. Les joueurs des équipes de l’Ouest ont pris le même avion nolisé et sont arrivés à l’IPE au cours du week-end qui a précédé le début du tournoi.
« L’équipe (du Pacific FC) a prévu un autobus pour se rendre à l’aéroport de Victoria avec différents arrêts. Moi, l’autobus m’a pris à 3 h 50 du matin, et les derniers ont embarqué à 4 h 20, a indiqué Meilleur-Giguère. L’avion a décollé pour ensuite s’arrêter à Calgary et prendre l’équipe de Calgary, sans qu’on puisse sortir de l’avion. On s’est arrêté à Edmonton pour les joueurs d’Edmonton, puis à Winnipeg, même chose, sans pouvoir sortir de l’avion. On est arrivé à Charlottetown le soir à 21 h.
« Ç’a été une grosse journée, a-t-il lancé. À la fin, on puait l’avion! »
À chacun sa salle
Le terrain de l’hôtel où logent les joueurs de la PLC – à raison de deux par chambre – n’est pas aussi vaste qu’un tout inclus des pays du Sud, mais l’endroit a été fort bien aménagé pour les besoins des équipes, selon Meilleur-Giguère.
« Chaque équipe a sa propre salle, c’est comme une vaste salle de conférence dans laquelle on trouve une table de tennis de table, un espace pour la physio, un autre pour les réunions avec un projecteur, une table où ils nous servent à manger… On est bien.
« La seule chose, c’est qu’il a fallu qu’ils ajustent les portions (des repas), au début ce n’était pas assez pour nous, pour des gars qui doivent aller courir après, a indiqué Meilleur-Giguère. Mais ils se sont vite ajustés et maintenant c’est super bien, tout est parfait. »
Une journée typique (sans match) des joueurs du Pacific FC se déroule comme suit : lever, petit déjeuner, séance de yoga, sieste, dîner, thérapie au besoin, entraînement vers 17 h, souper, puis temps de détente dans la grande salle.
« Il y a souvent des matchs à la télé, de la (PLC) ou de la Ligue des champions, alors on peut regarder ça ensemble. Sinon, il y a toujours des gars qui jouent au tennis de table ou aux échecs, alors c’est relax », a indiqué Meilleur-Giguère.
L’entraînement se déroule à une dizaine de minutes d’autobus de l’hôtel.
Les huit clubs de la PLC logent à l’hôtel et ont chacun leur salle, leur propre patio extérieur ainsi que leurs propres heures d’entraînement. La vie se passe donc essentiellement en équipe, chacune de son côté, même si les joueurs des différents clubs se croisent souvent dans les couloirs. Il est permis de s’arrêter un peu et de discuter avec les autres, à la condition de porter le masque.
« Il faut porter le masque partout, on peut l’enlever quand on est dans notre salle d’équipe », a indiqué Meilleur-Giguère.
Le test
Quand on demande à Meilleur-Giguère s’il a bien subi les tests de la COVID-19 à l’instar des autres joueurs sur place, la réponse vient vite : « Tabarnouche! Oui je les ai eus! »
En fait, deux fois avant d’arriver à Charlottetown, et deux autres fois à sa première semaine sur place. Il a donc eu droit à ce long coton-tige jusqu’au fond de la cavité nasale.
« Tu le sens au début et après, tu attends que ça finisse. Il faut qu’ils ‘jouent’ quatre-cinq secondes dans chaque narine, a-t-il décrit. Ce n’est pas long, mais c’est vraiment surprenant, parce que tu ne vas pas te mettre les doigts aussi profondément que ça très souvent, disons!
« Je ne suis pas du genre qui ressent tellement la douleur, mais j’en ai vu qui avaient les larmes aux yeux. »
Pour le reste, Meilleur-Giguère avait hâte au premier match des siens et il s’attendait à ce que ses coéquipiers et lui n’aient aucune difficulté à se mettre dans le bain.
« C’est ton métier, tu fais ça parce que tu aimes ça, a-t-il souligné. Ici, tout le monde est prêt et est plus affamé que jamais. D’après moi, l’intensité du jeu va être encore plus grande que ce qu’on voit au cours d’une saison complète. »