Sans menacer, sans marquer, sans rassurer. L’Impact s’incline contre Orlando et sort du tournoi de relance de la MLS. Une autre prestation typiquement montréalaise, qui soulève des questions, ou plutôt qui n’apporte pas de réponses aux questions déjà maintes fois soulevées. Retour sur l’élimination en trois constats.
1) L’Impact a (encore) raté son début de match
Il n’y a pas photo : le premier quart d’heure était tellement à l’avantage de l’équipe locale qu’on se demandait si le terrain ne penchait pas vers le but de l’Impact. D’un côté, ça déboulait; sur le flanc gauche, dans l’axe, sur le flanc droit. C’était l’autoroute du foot. De l’autre côté, on n’avançait pas du tout quand on parvenait à récupérer un peu le ballon. Comme si les pieds étaient enlisés dans la boue. Et comme d’habitude, personne, mais personne n’a haussé le ton pour réveiller les troupes. Et ça, ça fait des années que ça dure. Bref, ça nous rappelle que malgré quelques changements, on est encore très (trop) proche de l’équipe de l’ère pré-Henry.
2) Le changement tactique a porté fruit
Thierry Henry était revenu à ce 4-3-3 qui lui avait permis de largement dominer d’assurer sa survie contre DC United. Or, l’enlisement mentionné ci-dessus était en partie causé par l’incapacité de Brault-Guillard et de Corrales de faire l’ascenseur sur les flancs. À quatre défenseurs, et avec un Orlando plutôt vif balle au pied, les latéraux devaient continuellement songer à la couverture défensive. On avançait donc à tâtons, laissant à Quioto et Okwonkwo le soin d’animer les couloirs dans le tiers offensif, ce qui ne fonctionnait pas. Or, en revenant à trois défenseurs centraux en seconde mi-temps, remplaçant Okwonkwo par Raitala, Henry a libéré les latéraux et l’Impact s’est tout de suite senti plus à l’aise en possession. Jusqu’à ce qu’il fasse cadeau d’un but à Orlando.
3) Il aurait fallu enlever Piette plus tôt
Si l’animation offensive se portait mieux en seconde mi-temps, il y demeurait toutefois un énorme problème, tellement évident qu’on se demande comment Thierry Henry a pu réagir si tard pour tenter de le régler. En enlevant Okwonkwo de l’équation à la mi-temps, le fardeau de l’animation du flanc droit revenait presque entièrement à Brault-Guillard, dans un jour sans, il faut le reconnaître, appuyé par Samuel Piette, dans un rôle partiellement offensif qui ne lui convient pas tout à fait. Si ce choix était valide tant que le score demeurait vierge, il fallait réagir une fois qu’Orlando avait pris les devants, la solution la plus logique étant évidemment d’insérer Maciel, auteur d’une bonne prestation face à Toronto, à la place de Piette. La justesse de l’Argentin en distribution aurait probablement pu ajouter du mouvement et des options sur le flanc droit quand l’Impact courait après un but. Malheureusement, Henry n’a réagi qu’à la 87e minute en remplaçant Piette par Urruti.
Certes, toutes ces analyses plus ou moins savantes apportent leurs lots de réflexions. Comment jouer? Qui faire jouer? Mais cette semaine, elles apportent surtout une remise en perspective. Que valent réellement ces matchs de huitièmes de finale, au fond? Quand on sait que les joueurs ont quitté leur famille il y a trois semaines (voire plus pour certaines équipes), et que tout ce qu’ils voient depuis ce temps sont les murs de leur hôtel, il faut se demander si l’enjeu sportif, soit la carotte de la place en Ligue des champions qui pend au bout de l’arc-en-ciel floridien, constitue une récompense suffisante pour que chacun soit entièrement motivé à performer. « Oui, mais ce sont des professionnels », me direz-vous. Effectivement. Mais ce sont aussi des êtres humains, captifs d’une bulle, loin de leurs familles, depuis plusieurs semaines et qui doivent maintenant participer à des matchs qui ne sont foncièrement pas aussi importants que ça. D’autant que la Ligue des champions demeure accessible par d’autres avenues. Bref, que vaut réellement ce qu’on a vu lors de ces huitièmes de finale? La question se pose, mais elle n’a pas vraiment de réponse si ce n’est qu’il est quasiment certain que le niveau d’engagement et de détermination ne peut absolument pas être le même d’une équipe à l’autre ou même d’un coéquipier à l’autre. Chose certaine, si votre patron vous confinait dans un hôtel de Floride pendant trois semaines pour effectuer du travail fort important, puis vous proposait ensuite d’entreprendre un projet mineur sur place ou de rentrer à la maison pour travailler sur autre chose qui vous permettrait d’atteindre, quoique moins directement, le même résultat, il y a de fortes chances que vous choisiriez la maison. Moi, en tout cas, c’est ce que je ferais.
Cela nous amène donc à la suite des choses, qui demeure nébuleuse pour l’instant, mais qui pourrait prendre la forme, dans un premier temps, de deux séries de trois matchs contre Toronto et Vancouver. Prêts pour l’overdose?