On l’a vu après la dissolution du Fury d’Ottawa, les joueurs qui évoluent en USL ont tendance à vouloir rester en USL. Le Montréalais de 26 ans Alessandro Riggi est toutefois une des exceptions à la règle.
Vétéran de la USL avec le Phoenix Rising, où il a été le coéquipier de Didier Drogba, cet ancien de l’Académie de l’Impact et du FC Montréal a choisi d’aller en Première Ligue canadienne en vue de la saison 2020, en espérant retrouver la santé et y repartir à neuf.
Et c’est à titre de porte-couleurs des Wanderers de Halifax qu’il le fait, là où on retrouve d’ailleurs un bon nombre de Québécois dans l’effectif – outre Riggi, il y a le gardien Jason Beaulieu, les défenseurs montréalais Chrisnovic N’Sa, Daniel Kinumbe et Jems Geffrard ainsi que les milieux Louis-Béland Goyette, Aboubacar Sissoko et Omar Kreim.
« Ça va être comme si on était à la maison », a reconnu Riggi lors d’un entretien téléphonique avec Viau Park, quelques jours avant le camp d’entraînement qui commence la semaine prochaine. « Et Jason Beaulieu, j’étais avec lui à l’Académie (de l’Impact), c’est vraiment un bon gars, ça va être cool. »
Voici Alessandro Riggi en cinq temps.
Halifax, plus près de la maison
Blessé depuis un an et demi, Riggi a vu Phoenix le laisser aller quand son contrat s’est échu à la fin de la saison 2019. Des équipes de la USL se sont intéressées à lui, mais l’attaquant montréalais a préféré se tourner du côté de la PLC, où « trois quatre équipes » ont signifié leur intérêt.
« Je voulais quelque chose de nouveau, surtout après mes deux saisons où j’ai été longtemps blessé. Le projet (à Halifax) m’a attiré à cause du coach (Stephen Hart, ancien sélectionneur de l’équipe canadienne), de la ville et des conseils de mes amis qui y étaient l’an dernier, a indiqué Riggi. J’aime le fait de voyager au Canada, il va y avoir des matchs plus proches de la maison, mes parents (qui vivent à Montréal) vont pouvoir venir regarder des matchs.
« (La PLC), c’est pas encore la USL, mais j’ai été impressionné par ce que j’ai vu l’an passé. Il y a eu de très beaux buts, j’ai été content de voir qu’il y a eu des Canadiens (de la PLC) qui sont allés en équipe nationale, qui ont signé en MLS, c’est bien, a affirmé Riggi. Et le plafond salarial va augmenter l’année prochaine, donc les clubs vont pouvoir aller chercher des joueurs (mieux établis). Pour l’instant, je pense que c’est une bonne opportunité de s’établir et de se faire un nom. »
La vie à Phoenix… avec Drogba
Riggi a appris à jouer dans la chaleur accablante à Phoenix – et comment faire pour venir à bout d’un adversaire qui n’avait plus d’énergie après une mi-temps –, mais il a surtout découvert pourquoi Didier Drogba est considéré comme une légende. Les deux ont abouti avec le Rising en 2017. À l’époque, Drogba avait acheté des parts dans l’équipe, en plus de jouer, dans l’espoir de voir l’équipe attirer l’attention de la MLS et y obtenir une concession.
« Il m’a beaucoup impressionné, a dit Riggi de Drogba. Il restait après l’entraînement et prenait 50 frappes à chaque jour, encore à 39 ans. Il avait toujours une attitude positive, peu importe la situation. Tu vois qu’il a joué là où il a joué pour plusieurs raisons, que ce n’était pas par chance.
« Et il nous a beaucoup donné (les autres joueurs), sur le terrain et en dehors. Parfois, quand on gagnait et qu’il voulait célébrer en équipe, il nous invitait (à souper) et il s’occupait de tout. Il nous traitait comme ses petits frères. Il était très humble. C’est comme s’il ne réalisait pas qui il était, la différence qu’il y avait entre lui et nous, joueurs de deuxième division d’Amérique du Nord. »
Sans doute qu’il le savait fort bien, sauf qu’il ne le faisait pas sentir à qui que ce soit.
« C’est juste pas dans sa personnalité », a acquiescé Riggi.
E = Espagne, émotions
En début de carrière, Riggi a obtenu un essai avec la Sampdoria en Italie et il a été retenu, mais il avait aussi eu un essai en Espagne et c’est là qu’il a abouti, avec l’équipe-réserve du Celta Vigo. Il a adoré baigner dans un véritable environnement de football.
« Je voyais des équipes comme Barcelone venir jouer contre notre équipe A. Voir ces joueurs-là à 50 mètres de toi, c’est vraiment cool, a-t-il souligné. Et les partisans, pour eux, la fin de semaine c’est réservé au foot, c’est une passion extraordinaire. Tu as 50 000 personnes qui vivent les mêmes émotions en même temps. »
Riggi a toutefois dû se chercher un poste ailleurs, à la suite d’une recommandation du programme national canadien.
« On voulait que je joue plus régulièrement si je voulais aller jouer à la Coupe du monde U-20 », a-t-il indiqué.
Après un bref passage au Portugal, Riggi est revenu au Québec, où il a retrouvé l’Académie de l’Impact – qu’il avait fréquentée une première fois plus jeune – et a appris à connaître la USL en évoluant avec le FC Montréal.
L’Académie et le FC Montréal
Riggi a dit avoir grandement apprécié ses deux séjours avec l’Académie, là où il s’est retrouvé sous les ordres de Philippe Eullaffroy, directeur de l’Académie et entraîneur-chef du FC Montréal.
« Je l’ai adoré, a lancé Riggi. Il ne s’occupe pas seulement des joueurs physiquement et mentalement… Il a des réponses à toutes les questions. Une fois, il nous a même fait prendre un examen sur la MLS. Plusieurs ont échoué, moi aussi. Il nous avait regardés en nous disant, ‘Vous avez échoué alors que vous voulez jouer dans la MLS? Et vous ne vous renseignez pas sur la ligue?’ Il te préparait dans tous les sens que tu peux penser. »
Bien des gens regrettent la disparition du FC Montréal et, sans donner son avis sur la décision de l’Impact là-dessus, Riggi fait remarquer que c’est l’époque du FC Montréal qui a fourni, selon lui, la plus belle génération de joueurs – comme David Choinière, Ballou, Maxime Crépeau et James Pantemis.
« Jouer en USL, c’était magnifique parce que c’est de là que plusieurs d’entre nous sommes sortis, a-t-il noté. Je pense qu’à ce moment-là, l’écart (avec la MLS) était moins grand. »
La santé d’abord
À sa première saison à Phoenix, en 2017, Riggi a été utilisé régulièrement et il a marqué quatre buts en 21 matchs (15 départs) et 1218 minutes de jeu. Puis, l’année suivante, son temps de jeu a été réduit à 14 matchs (quatre départs) et 342 minutes, en raison d’une blessure au genou qui l’a gardé à l’écart du jeu à partir du mois de septembre.
Puis, en 2019, Riggi n’a pas joué du tout en raison d’autres soucis physiques, « au bas du corps », qui sont apparus.
« Ma blessure au genou a duré vraiment longtemps. Puis, d’autres problèmes se sont enchaînés, des problèmes que j’ai encore, dont je dois m’occuper à chaque jour, a expliqué Riggi. Depuis un an et demi que je combats ça et je ne vois pas encore la lumière au bout du tunnel. C’est physique, mais ça n’avance pas. On a tout fait, des radiographies, des examens d’imagerie à résonance magnétique, des tests de sang, des tests de cœur, des tests musculaires, j’ai fait des bains contrastes, de l’acupuncture, de la physio… C’est très difficile mentalement. »
Que Riggi ait pu signer un contrat avec une équipe dans ce contexte fait foi du niveau de talent qu’il a.
« (Les Wanderers) savent ce que je peux faire quand je suis en santé », a-t-il souligné.
« Nous sommes confiants qu’Alessandro sera en forme en vue de la saison. Il travaillera avec notre équipe des sciences du sport afin de s’assurer d’être prêt », a indiqué le club par courriel à ce sujet.
Et si la lumière ne se pointe toujours pas au bout du tunnel, Riggi n’a pas l’intention de s’entêter.
« Je vais m’asseoir avec mon agent et (les Wanderers) et si je vois que je vais vraiment être incapable de faire quoi que ce soit cette saison, on va peut-être essayer de trouver un autre joueur pour qu’ils leur donne le contrat (qu’ils m’ont donné) et qu’ils ne gaspillent pas leur temps (avec moi). Ça ne me tente pas de faire ça à une autre équipe. On va voir.
« Une fois (cet obstacle) passé, je pense que tout va commencer à se mettre en place, mais pour l’instant, il faut avoir de la patience. »
Si vous regardez un match des Wanderers cette saison et que vous apercevez Riggi sur le terrain, vous saurez que sa patience aura enfin rapporté.
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