L’Impact mise juste et l’emporte au bout du suspense pour soulever pour la dixième fois la Coupe des Voyageurs. Un triomphe qui n’était pas sans rappeler l’exploit de 2008 et qui prouve encore une fois que quand on veut… on peut. Trois penaltys ratés et trois constats.
1) Toronto a voulu effacer Piatti
L’ami Greg Vanney avait sorti une drôle de carte de son jeu : celle d’aller mettre Pozuelo le plus à l’écart possible, parfois même les pieds sur la ligne de touche, sur le flanc gauche de l’Impact. Avec l’Espagnol ainsi positionné les trois quarts du temps, Nacho Piatti n’avait pas d’autre choix que de revenir se positionner très bas sur le terrain. Ainsi, Toronto s’assurait que l’Argentin n’était pas dans l’équation quand l’Impact mettait les voiles en contre-attaque. Un choix intelligent, mais qui limitait aussi l’apport offensif du numéro 10 torontois, même si le ballon passait souvent par son flanc…
2) Cabrera a fait permuter Bayiha et Shome en seconde mi-temps
Sachant que Pozuelo avait été collé au flanc droit et que Toronto tentait de forcer le passage du côté Shome-Piatti-Raitala, la surprise fut énorme de voir Bayiha être affecté à ce côté du terrain en seconde mi-temps à la place de Shome. Voulait-on le faire jouer du côté du terrain où se trouvait le banc de touche pour pouvoir mieux le diriger? Possible. Or, c’était un pari risqué et on a vu le jeune produit de l’académie chercher ses repères pendant plusieurs minutes en début de deuxième mi-temps, alors que Toronto appuyait sur l’accélérateur. Toutefois, les Reds se sont mis à varier le jeu et à transposer leurs efforts sur le flanc gauche plus fréquemment. Bayiha a ensuite repris du poil de la bête et a au final fourni un effort plus satisfaisant qu’en première mi-temps.
3) L’Impact a fait du très bon boulot pour bloquer l’axe
Il faut lever notre chapeau et saluer bien bas messieurs Piette, Cabrera, Camacho, Shome et Bayiha, qui sont parvenus à tenir l’attaque torontoise loin de l’axe, la coinçant la plupart du temps sur les flancs. Combien de fois a-t-on vu dans les dernières années Toronto se faufiler dans l’axe à coup de combinaisons en un temps à l’entrée de la surface pour venir planter un couteau en plein cœur de son adversaire? Pas cette fois, en tout cas. On a plutôt vu un TFC coincé sur les ailes, incapable de percer l’axe, forcé de jouer le centre dans la surface. Certes, le naturel revient toujours au galop et on a pu voir quelques tentatives échouer à peu de choses près. Mais l’Impact était prêt. Averti, on le devine, par un Patrice Bernier qui connaît comme le fond de sa poche les automatismes torontois, l’Impact était alerte et n’a pour une rare fois jamais paniqué dans les moments les plus chauds. Chapeau.
Bref, vous l’avez compris, ce match retour était une bataille de tranchées sur le plan tactique. Au-delà de l’euphorie de la victoire, ce match était un plaisir à regarder tactiquement parlant. Un Impact excessivement bien structuré, un Toronto en recherche active de solutions. Des deux côtés, on a pu voir des choix intelligents, des choix payants, des ajustements réfléchis. Mais aussi on a pu voir l’Impact totalement investi, excessivement concentré de la première à la dernière minute, accueillir avec sérénité la déferlante torontoise. Cette volonté qui était bien présente au match aller était de retour sur le terrain du BMO Field. Montréal était prêt pour cette finale, pour SA finale. Les statistiques ne le montrent peut-être pas, mais l’Impact a la plupart du temps muselé Toronto au BMO Field. Une performance qui méritait bien un trophée, quoi.
Mais trêve d’analyse, il faut déjà regarder vers l’avant. L’Impact a gagné la coupe (la dixième!) et passera donc l’hiver sous le soleil de la CONCACAF (et sous le toit du stade olympique, on le devine). Si les deux derniers matchs de championnat, à domicile, devraient logiquement servir à remercier les supporters et à donner du temps de jeu à des joueurs qui le méritent, mais qui n’en ont pas reçu énormément, l’hiver s’annonce occupé, et le travail doit commencer rapidement en vue du mercato et de la préparation. Et ça, ça commence par l’arrivée d’un directeur sportif qui devra rapidement prendre des décisions, notamment celle de prolonger ou non le seul entraîneur de l’histoire à avoir soulevé la US Open Cup et la Coupe de Voyageurs : Wilmer Cabrera.
Ceci étant dit… ce qu’elle fait du bien, celle-là!