La pensée magique apporte très peu souvent des résultats. Ainsi, sur le terrain du BMO Field, même si l’entraîneur était différent, même si c’était un match important contre un adversaire honni, c’est le bon vieil Impact version 2019 qui s’est montré le visage. Parce que les rides ne s’effacent pas en appliquant une couche de crème hydratante. Trois constats.
1) Wilmer Cabrera était dans le siège du passager
On a beau le qualifier d’entraîneur-chef, difficile de croire que lors de ce match, Wilmer Cabrera portait le bonnet rouge du Grand Schtroumpf. À chaque fois qu’on avait l’occasion de jeter un œil du côté du banc de touche montréalais, on voyait Cabrera debout sur le bord du terrain en spectateur tandis que Wilfried Nancy dirigeait les troupes ou s’activait avec Patrice Bernier et Rémy Vercoutre pour trouver des solutions. C’était flagrant et, bien honnêtement, ça créait un certain malaise, pour ne pas dire un malaise certain.
2) Bojan était découragé
Le pauvre Bojan, nettement plus actif et en forme qu’au match précédent, multipliait les appels et les courses, mais ne recevait jamais le ballon, plutôt joué en retrait au lieu de profiter des espaces dans la défense torontoise. On l’a aussi vu appliquer de la pression sur le porteur du ballon, sans recevoir de soutien de ses coéquipiers. Et bien entendu, on l’a aussi vu balle au pied avec devant lui trois ou quatre spectateurs incapables de même bouger pour tenter de se démarquer. Bref, Bojan, à plusieurs occasions a fait des gestes qui trahissaient son découragement. Parce qu’autour de lui, c’est triste de le dire, mais c’est la réalité, personne ne jouait au football. Ça jouait à un jeu qui y ressemblait, mais ce n’était pas vraiment du football.
3) Bush était dans un bon jour, mais…
Croyez-le ou non, mais le gardien montréalais, à la faute sur les deux buts torontois, était pourtant dans un bon jour jusqu’à une première mésaventure. Le gardien était prompt dans ses sorties et on le sentait très concentré sur son match. Avec une charnière centrale constituée de deux latéraux, il fallait évidemment que le gardien inspire confiance, ce qui était le cas. Ou alors était-ce une illusion créée par le fait qu’il est tout simplement mauvais depuis plusieurs matchs? Quoi qu’il en soit, ça allait (relativement) bien, jusqu’à un ballon facile capté en deux temps à la suite d’une très mauvaise prise de balle (sur une reprise de la tête de Gonzalez… sur corner… vous connaissez le topo). Tout s’est effondré ensuite. Comme quoi l’aspect mental est d’une extrême importance pour un gardien de but.
Tout cela nous amène à l’électrochoc attendu. On vire l’entraîneur dans la dernière ligne droite en espérant réveiller les joueurs. Si ce genre de technique marche relativement bien au hockey, un sport dans lequel la tactique est résolument moins importante qu’au soccer, force est de constater que lancer un entraîneur dans le bain avec une poignée de matchs à jouer et espérer un changement radical est un pari nettement plus risqué que les habitués de la « puck » pourraient le croire. On a vu le bon vieil Impact qui ne sait pas vraiment quoi faire avec le ballon, joue en retrait, puis finit par subir le match et voir son gardien faire des boulettes pour tout le monde. On avait compris, en première mi-temps, comment ça se passerait. Toronto laissait jouer, vu l’incapacité chronique du bleu-blanc-noir à construire quoi que ce soit, puis augmenterait la cadence en deuxième mi-temps pour rafler les trois points. En face, sur le terrain comme sur la touche, ça paniquait de plus en plus à mesure que les minutes s’égrenaient. De fait, l’Impact a reculé, reculé, reculé, jusqu’à laisser Toronto assiéger sa surface, tandis qu’à l’autre bout du terrain, il aura fallu un contre favorable pour que Bojan puisse marquer sur le seul tir cadré des siens.
Il faut toutefois relativiser. Malgré tout, l’importance de ce match à Toronto n’était pas critique. C’est plutôt la série de trois matchs à domicile contre Vancouver, DC United et Cincinnati qu’il ne faut pas rater. Mais il y a un piège dans le lot : des Montréalais qui ont à cœur de bien paraître (ou de faire mal paraître l’Impact, c’est selon) débarquent en ville avec les Whitecaps.
Mais au fond, ne serait-il pas plus sain de prendre les trois prochains matchs comme une préparation au quatrième? Éliminer l’obligation de résultats immédiats permettrait d’alléger la pression, de mettre Bush sur le banc et de tenter des choses pour trouver le moyen de battre cet adversaire que l’on vient d’étudier pendant 90 minutes. Bref, il s’agirait de virer les séries pour… remporter une finale. Faut-il rappeler que l’objectif, c’est de gagner des trophées?