Comment Kambiz Ebadi est devenu directeur des compétitions de la FSQ

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N’eut été d’un entraîneur incompétent – bien que plein de bonnes intentions –, Kambiz Ebadi ne serait peut-être jamais devenu directeur des compétitions de la Fédération de soccer du Québec et commissaire de la Première ligue de soccer du Québec.

Quand il s’est installé au Québec en 1988, la seule activité de soccer à laquelle Ebadi se livrait était d’aller regarder des matchs de foot international à la télé – ceux des clubs français et britanniques, et du Brésil aussi, au Bar Champs sur la rue St-Laurent à Montréal. Joueur d’un certain niveau en Suisse, son pays d’adoption depuis l’âge de 13-14 ans – il avait été invité aux sélections du Servette FC à l’âge de 18 ans quand une blessure au genou l’a forcé à l’inactivité pendant trois ans –, il ne suivait pas le soccer d’ici et ne s’y intéressait pas.

« Bien honnêtement, je ne savais même pas ce que Montréal avait comme équipes professionnelles et comme ligues », a reconnu Ebadi.

Tout ça a changé le jour où sa conjointe, Johanne Dupuis, lui a annoncé qu’elle avait inscrit leur fils Cyrus, qui avait alors cinq ans, au soccer.

Courtier en assurances et en fonds mutuels à son arrivée au Québec après avoir touché à l’hôtellerie et à la restauration en Suisse, où il a par ailleurs complété des études en finances, Ebadi se rappelle qu’il avait raté le premier entraînement de Cyrus en raison de la circulation trop lourde.

« Je me suis arrangé pour arriver à temps au deuxième entraînement, a raconté Ebadi. Quand je suis arrivé, j’ai vu que l’entraîneur était un parent bénévole, et il montrait aux enfants à faire la rentrée de touche avec les mains qui partaient de la poitrine. Ma femme était à côté de moi, j’étais en habit et cravate, il faisait chaud, c’était au mois de juin. Je me suis dit, ‘il y a un problème’. »

Vous devinez sans doute la suite : Ebadi a commencé à s’impliquer avec l’équipe de son fils.

« Au troisième entraînement, je suis allé voir l’entraîneur pour lui demander comment ça fonctionne. Il m’a dit, ‘Écoutez, je ne connais pas le sport. Je suis arrivé, on m’a donné le sac de ballons et si je ne le faisais pas, nos enfants n’allaient pas jouer’. Je lui ai dit que c’était très difficile pour moi de quitter mon travail (Ebadi avait son bureau à la Place Bonaventure au centre-ville de Montréal) et de venir aux entraînements à cette heure-ci, mais que je viendrais aider quand je pourrais. Il était tout content. Et ç’a commencé comme ça. »

Ebadi, qui reconnaît qu’il est accro au travail, a vite montré les échelons au club de son fils, le club de soccer de Longueuil.

« De deux à trois heures par semaine, c’est devenu de 30 à 40 heures de bénévolat par semaine au club, a indiqué Ebadi. Je me suis joint au conseil d’administration, j’étais responsable du technique, on a fait beaucoup de développement, je pense qu’on a engagé le premier directeur technique de club à temps plein au Québec… À un moment donné, je consacrais même 40 à 50 heures (au soccer). »

Travailleur autonome dans son métier de courtier, ses heures à la Place Bonaventure ont diminué d’autant et il a fini par fermer son bureau et vendre sa clientèle pour se consacrer « à 100 pour cent au bénévolat » au niveau du soccer de la Rive-Sud.

« Ça n’a pas duré longtemps. Étant ‘workaholic’, je trouvais que juste le soccer, ce n’était pas assez, il m’en fallait plus. »

C’est alors qu’un des amis d’Ebadi, Ed Witkowski, un membre du conseil d’administration de la Fédération de soccer du Québec, lui a fait savoir que le poste de directeur des compétitions à la FSQ était vacant; il fallait trouver un successeur à Max-Eden Joseph, qui partait à la retraite.

Entre-temps, Ebadi s’était mis à graviter dans les plus hautes sphères de la FSQ parce qu’il faisait partie de ceux qui étaient intéressés à se joindre à ce qui allait éventuellement devenir la Première ligue de soccer du Québec.

« Les discussions (à propos de la PLSQ, qui a été lancée en 2012) ont commencé vers la fin de l’année 2006, a indiqué Ebadi. À l’époque, on parlait d’un système de franchises et moi, j’avais envie d’avoir une franchise. J’avais tout préparé à titre privé, avec un partenaire, pour avoir une franchise à Longueuil, mais pas pour le club de Longueuil. Après un an et demi de réunions, il y avait beaucoup de gens intéressées (à avoir une équipe dans la nouvelle ligue); à certaines réunions, il y en avait jusqu’à 20 qui étaient intéressés, mais en septembre 2008, lorsqu’on s’est dit qu’on avait assez discuté et qu’on a demandé qui était prêt à commencer en 2009, la seule personne qui était prête, c’était moi. J’avais mon entraîneur, mes terrains, j’avais tout, le financement aussi. La Fédé a évidemment choisi de ne pas commencer tout de suite.

« Il y avait beaucoup de volonté, beaucoup d’intéressés, mais aussi des inquiétudes – notamment, en raison de ce qui était arrivé à l’époque de la LNSQ (à la fin des années 1980). »

Avec ce poste de directeur des compétitions qui s’ouvrait, Ebadi voyait une occasion d’avoir un impact positif plus large sur le soccer québécois.

« J’ai constaté qu’au niveau des clubs, il y avait des limites à pouvoir pousser le soccer, a-t-il noté. Quand je suis passé à la région (de la Rive-Sud), c’était pour essayer d’aider de façon plus élargie. Je trouvais qu’il y avait des manques au niveau de l’aspect technique, et administratif aussi. Des gens qui connaissaient le sport, il y en avait peu. Ce n’était pas le manque de volonté le problème, c’était le côté finances et connaissance du sport. »

Comme dans le cas du premier entraîneur de son fils Cyrus, finalement.

Et c’est ainsi que Kambiz Ebadi est devenu directeur des compétitions de la FSQ en décembre 2008.

Cet article est composé de matériel inédit, mais est tiré d’un entretien que Marc Tougas a réalisé avec Kambiz Ebadi en vue d’un reportage qui a été publié dans l’édition du mois de juillet du magazine Québec Soccer, maintenant disponible par voie électronique à www.quebecsoccer.ca.