Gold Cup 2000 : le tournoi en or du Canada

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La victoire du Canada lors de l’édition 2000 de la Gold Cup, ce championnat de la CONCACAF des équipes nationales, reste un exploit unique en son genre puisque la seule autre fois où les Canadiens ont été couronnés champions de la Confédération de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale et des Caraïbes, c’était en 1985, avant que le championnat continental prenne sa forme actuelle en 1991.

Martin Nash, international canadien à la retraite qui a disputé une saison avec l’Impact de Montréal en 2003 et désormais entraîneur adjoint et directeur technique du Cavalry FC en Première ligue canadienne, se souvient très bien de ce tournoi en or. Il a fait partie de l’équipe championne en 2000, en compagnie de deux autres joueurs qui sont passés par Montréal eux aussi, Jason de Vos et Elvis Thomas.

« C’était une sensation fantastique, dit Nash de cette victoire inattendue. Et c’était un exploit énorme. À ce jour, les États-Unis et le Mexique sont les deux seuls pays qui ont remporté la Gold Cup… sauf le Canada qui s’est immiscé dans le lot cette année-là. »

Ce titre de la Gold Cup est resté inscrit dans les annales du soccer canadien, mais il faut dire par ailleurs que le Canada a bien failli ne jamais se qualifier pour les rondes éliminatoires.

À pile ou face
En effet, tous les matchs dans le groupe de la sélection canadienne – la poule incluait aussi le Costa Rica et la Corée du Sud — se sont terminés par une nulle : 2-2 entre le Canada et le Costa Rica, 0-0 entre la Corée et le Canada et 2-2 entre la Corée et le Costa Rica. Il y avait égalité parfaite entre la Corée et le Canada à l’issue du troisième match dans le groupe, si bien qu’il a fallu les départager par tirage au sort.

« Nous avions exigé que le tirage au sort (à pile ou face) ait lieu tout de suite après le (dernier) match, ça s’est passé dans une tente au stade », a raconté Nash, qui a eu droit à 38 sélections avec l’équipe canadienne de 1997 à 2010.

« Plusieurs joueurs de l’équipe avaient décidé d’aller attendre dans l’autobus, en se disant que le sort ne nous favorise jamais, que nous n’allions pas nous qualifier, mais environ la moitié de l’équipe est allée regarder le tirage au sort. Quand ç’a été fait et que nous avons gagné, les gars étaient incrédules au début.

« Ensuite, quand nous sommes allés annoncer la nouvelle aux autres dans l’autobus, ceux-ci ont d’abord cru à une blague. Ils ne nous croyaient pas. Ils étaient tellement certains que le tirage ne nous favoriserait pas! Mais au bout du compte, nous avons célébré comme si nous venions de gagner un match », a indiqué celui qui a passé la majeure partie de sa carrière dans les rangs professionnels à Vancouver.

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Un but en or
Par la suite, le Canada a battu le Mexique 2-1 en quarts de finale, à l’aide d’un but égalisateur tardif de Carlo Corazzin (83e minute) puis d’un ‘golden goal’ de Richard Hastings à la 92e, et ensuite vaincu Trinité-et-Tobago 1-0 en demi-finale. Puisque dans la moitié opposée du tableau, c’est la Colombie qui s’est rendue en finale, le Canada était déjà assuré du titre en atteignant le match ultime. Les Canadiens ont quand même battu les Colombiens dans cette rencontre, au compte de 2-0.

« Les Mexicains nous ont dominés pendant une bonne partie du match, mais nous avons pu créer l’égalité. Et après, avec le ‘golden goal’ en prolongation, il suffisait d’une seule occasion pour faire la différence… Et tôt en prolongation, on a effectivement pu contre-attaquer après un corner et marquer un beau but », a décrit Nash.

« Ensuite, contre Trinité-et-Tobago, ç’a été un match vraiment ardu. Mais Craig Forrest a été parfait devant le but, il a réalisé des arrêts incroyables, en bloquant notamment un penalty. Et ensuite, Mark Watson a marqué (à la 68e) à la suite d’une phase de jeu arrêté, et après nous avons réussi à tenir le coup. »

Forrest a d’ailleurs été nommé le joueur le plus utile à son équipe à l’issue du tournoi, tandis que Corazzin a été le meilleur buteur avec quatre filets au total. Hastings a été déclaré recrue par excellence du tournoi, tandis que De Vos a reçu le trophée fair-play. Le Canada a ainsi balayé les honneurs individuels de la compétition.

Du foot libéré
Tout au long du tournoi, la sélection canadienne a joué de manière libérée. Celle-ci était composée de vétérans et aussi de jeunes joueurs en pleine ascension – parmi les autres joueurs dirigés par l’Allemand Holger Osieck, le sélectionneur, on retrouvait notamment Dwayne DeRosario, Paul Peschisolido, Paul Stalteri, Paul Fenwick, Jim Brennan, Garret Kusch et Tony Menezes.

« En se retrouvant dans un groupe avec le Costa Rica et la Corée du Sud, nous avions le sentiment que nous n’avions rien à perdre, qu’il n’y avait aucune pression, et nous avons juste joué à notre façon, a indiqué Nash. Tous les joueurs s’entendaient bien, il y avait une bonne chimie, ç’a été un de ces moments où tous les facteurs se sont réunis.

« Et quand nous l’avons emporté, ç’a été une sensation fantastique. Mais la fête n’a pas duré longtemps, parce que nous étions quelques-uns à devoir prendre l’avion le soir même (pour retourner en Europe) », a indiqué Nash, qui jouait à l’époque à Chester City.

En fait, tous les joueurs de l’équipe sauf quatre évoluaient pour des clubs européens à l’époque.

Le Canada s’est du même coup qualifié pour la Coupe des Confédérations qui a suivi. Nash n’a pu y aller et sans doute qu’il n’aurait pu faire la différence puisque les Canadiens n’ont marqué aucun but en trois rencontres, faisant match nul 0-0 contre le Brésil et s’inclinant par ailleurs contre le Japon (0-3) et le Cameroun (0-2).