Quand Maxime Crépeau s’est présenté au camp d’entraînement des Whitecaps de Vancouver, cet hiver, le poste de gardien titulaire était disponible. En fait, il l’était pour tous les gardiens de la formation dirigée par Marc Dos Santos. Mais aux yeux du Québécois de 25 ans, c’était bien parfait comme ça.
Parce que c’était la meilleure offre que Crépeau ait jamais eue depuis qu’il a rejoint les rangs de la MLS. Les années précédentes, il y avait un certain Evan Bush qui se dressait devant lui dans la hiérarchie des gardiens, et on ne peut blâmer l’Impact d’avoir continué de faire confiance au vétéran de l’Ohio puisque celui-ci a répondu à l’appel plus souvent qu’autrement.
La porte était ouverte à Vancouver, toutefois, et Crépeau en a franchi le seuil. Allègrement.
Et le voilà que, alors que la MLS s’apprête à observer sa pause internationale de 10 jours en raison de la Gold Cup, Crépeau se trouve dans le top-8 des gardiens réguliers du circuit Garber au chapitre du pourcentage d’arrêts (72,3%) et de la moyenne de buts alloués par match (1,21).
Il a disputé 14 des 16 matchs des Whitecaps jusqu’ici cette saison et il a eu droit à 1260 minutes de jeu, un total que seulement 10 gardiens dans la MLS surpassaient après les rencontres de dimanche.
« Tout se passe très bien, a indiqué Crépeau lors d’un récent entretien téléphonique avec Viau Park. Je suis vraiment motivé, je me sens bien sur le terrain avec mes coéquipiers, je sais quoi faire dans n’importe quelle situation et, à la fin de la journée, il ne faut pas oublier de prendre du plaisir. »
Cette transition apparemment sans heurts, Crépeau l’attribue au fait d’avoir joué régulièrement avec le Fury d’Ottawa, l’année dernière, dans la USL. Ce qui lui a « donné des ailes », dit-il.
« Ça m’a tellement fait du bien de jouer des matchs l’année dernière, a reconnu celui qui n’avait eu droit qu’à trois rencontres en championnat de la MLS avant cette année. « Il n’y a pas de secret pour un jeune gardien, il faut jouer, c’est comme ça que tu apprends, et la saison dernière m’a vraiment fait du bien. Cette année, j’essaie de continuer sur la même lancée. »
C’est toute une lancée que Crépeau s’est donnée l’an dernier avec le Fury, alors qu’il a signé 15 blanchissages, un record de la USL, et a été nommé gardien de but de l’année dans la USL, dans la première équipe d’étoiles de la ligue et joueur de l’année du Fury.
Après une saison comme celle-là, Crépeau savait qu’il était prêt à passer à l’étape suivante, soit celle qu’il vit présentement.
« Je savais que j’étais prêt, il fallait juste que je le prouve (sur le terrain) et qu’il n’y ait plus de doute, a-t-il souligné. Pas seulement à moi-même, mais pour qu’on me donne l’opportunité. Maintenant, j’ai eu cette opportunité-là et je suis en train de la saisir. Ce n’est pas encore fait parce que la saison est longue, mais je veux continuer de donner les mêmes performances parce que la clé pour un bon gardien, c’est d’être constant. »
Crépeau estime que quelques matchs ont suffi pour s’habituer au rythme de la MLS.
« Tu dois t’habituer à la vitesse du jeu, au rythme, à l’ambiance – que ce soit à la maison ou sur la route, a indiqué l’athlète originaire de Greenfield Park. C’est la qualité de la prise de décision sur le terrain, la qualité d’exécution d’un geste qui va faire la différence. Mais après quatre ou cinq matchs, tu n’y penses plus et tout est naturel.
« On apprend aussi comment gérer son corps, comment gérer une saison complète dans la MLS, là où les voyages sont plus ardus que dans les autres ligues à travers le monde, ce n’est pas un secret. »
En Dos Santos, Crépeau a retrouvé une figure familière puisque c’est lui, lorsqu’il était entraîneur-chef de l’Impact en 2011, qui a invité le jeune gardien à s’entraîner avec le onze montréalais pour la première fois. Crépeau avait alors 16 ans. Mais c’est surtout en Youssef Dahha, actuel entraîneur des gardiens des Whitecaps que Crépeau a eu comme mentor pendant quatre ans avec l’Impact, qu’il retrouve un allié de taille.
« Ça aide beaucoup d’avoir un coach qui connaît ma personnalité, ma mentalité, qui sait comment je me sens sur le terrain et vice-versa, a indiqué Crépeau. Ça fait en sorte qu’on sait c’est quoi la limite à ne pas dépasser à l’entraînement, on sait quoi faire pour être en forme optimale en vue du match du week-end. C’est vraiment ça la clé du succès lorsque tu connais bien quelqu’un. »
Maintenant que Crépeau a rejoint la confrérie des gardiens titulaires de la MLS, certains en voudront peut-être à l’Impact de ne pas lui avoir ouvert la porte lorsqu’il était à Montréal. Mais le principal intéressé ne voit pas les choses de cette façon.
« Si j’avais commencé plus tôt, peut-être que je n’aurais pas été en mesure de saisir l’opportunité, a-t-il noté. Je suis extrêmement serein, je ne regrette absolument rien de ce qui s’est passé dans ma carrière, ça fait en sorte que je suis devenu le joueur que je suis présentement, l’homme que je suis. J’ai pu vivre l’expérience avec mon club formateur à 100 pour cent, et maintenant je suis extrêmement heureux d’être ici. »
Pour la suite des choses, Crépeau veut évidemment poursuivre dans la même veine, mais il veut surtout que le groupe de gardiens des Whitecaps dans son ensemble continue de bien performer. Car il voit cela comme une mission collective, l’objectif ultime étant de permettre aux Caps d’obtenir leur place dans les séries de la MLS.
« Pour une être une équipe gagnante, il faut de la profondeur à tous les postes, a souligné Crépeau. Avec Zac (MacMath), Sean Melvin et Thomas (Hasal), on forme un bon groupe de gardiens et il faut se pousser entre nous parce que si nous faisons tous bien sur le terrain, ça va bien aller pour l’équipe dans l’ensemble. »
En attendant la suite dans la MLS, Crépeau sera avec la sélection canadienne à la Gold Cup, qui commence ce samedi 15 juin.
« On va affronter la Martinique, le Mexique et Cuba, on a une équipe qui est capable de sortir du groupe, a affirmé Crépeau. Cela dit, il ne faut pas se mettre de la pression, il faut vraiment aller là dans le but de simplement nous exprimer à la hauteur de notre talent. »