On lançait vendredi dernier la saison de l’Impact de Montréal, comme on le fait chaque année. L’exercice semblait anodin. Questions et réponses, dévoilement du nouveau maillot et présentations des joueurs. La recette habituelle quoi. Pourtant, il fallait justement éviter le piège de tomber dans la routine, histoire de bien illustrer la passation de pouvoirs qui avait eu lieu quelques semaines auparavant. Et de marquer les esprits.
Là-dessus, il est évident que l’Impact a bien réussi. Certes, après la catastrophique soirée de 2018, qui relevait plus de l’infopub que d’une réelle communion avec les supporters et où on avait quasiment ignoré la présence des membres en plus de leur annoncer sans broncher qu’ils allaient devoir payer leurs billets plus cher, il aurait été difficile de faire naufrage. Or, l’Impact n’a pas choisi de faire dans la facilité et a plutôt décidé de relever la barre par rapport à tout ce qu’on avait vu auparavant.
Ainsi, dès l’ouverture des portes, on sentait que les choses étaient différentes. Les 1000 premiers arrivants auraient droit à une superbe casquette (de marque « New Era » en plus, points bonis pour le symbole) qu’ils pourraient faire personnaliser lors de la soirée. Il s’agissait là d’un geste nécessaire pour rétablir en partie les liens usés par quelques années de négligence.
Mais c’est quand la soirée s’est mise en branle qu’on a vraiment senti la différence. Dès les premières secondes, une vidéo inspirée et inspirante comme on n’en avait plus vu depuis longtemps captait l’attention de tout le monde. Le spectacle était commencé. Car oui, on avait l’impression d’assister à un spectacle, à un événement réfléchi et préparé avec soin, probablement par des professionnels des soirées événementielles. Un dynamique maître de cérémonie, un DJ pour une musique d’ambiance qui se prêtait idéalement à l’exercice, des éclairages qui ajoutaient à l’atmosphère, les joueurs qui paradent au milieu de la foule; bref, on était loin de l’aspect « protocolaire » et limite improvisé des soirées du passé, qui donnaient parfois l’impression d’être au gala d’une œuvre de bienfaisance plutôt qu’à une soirée de lancement de la saison d’un club de MLS.
Or, ce n’était pas parfait, évidemment. L’objectif étant visiblement de redonner confiance à la base de supporters, confiance qui s’effritait autant que la base elle-même, on a peut-être un peu péché en sombrant dans le positivisme exagéré. Des déclarations à l’emporte-pièce du genre « Novillo va marquer 10 buts » ou « on n’est pas loin d’une coupe MLS » risquent de mal vieillir, voire de rapidement revenir hanter ceux qui les ont lancées. Un peu de retenue aurait été de mise, surtout que l’effectif n’est pas encore au point. En plus, si d’un côté on parle d’être « pas loin d’une coupe MLS », il est difficilement compréhensible que l’on souffle du bout des lèvres et sans conviction un « on va essayer de gagner » quand on parle du championnat canadien.
Ceci étant dit, hormis ces quelques errances du côté sportif, on a assisté vendredi dernier à un virage. Un virage important, et jusqu’à présent fort bien négocié. Car en sortant de la salle, on avait l’impression que les acteurs habituels des dernières années étaient déjà très loin dans le passé du club. Et effacer si rapidement un personnage aussi important que Joey Saputo n’était pas une mince tâche. La page a été tournée, très vite, et on est visiblement déjà en train de rédiger le premier paragraphe de cette nouvelle ère de l’IMFC. En somme, depuis la mi-janvier, l’Impact a marqué un tour du chapeau : changement essentiel, cassure nette, avenir prometteur. Reste à espérer qu’il soit aussi efficace sur le terrain.