Alex Bunbury, comme s’il n’avait jamais quitté Montréal

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Alex Bunbury ne vit plus à Montréal depuis longtemps. Mais sa tête, et son cœur surtout, n’ont jamais quitté la métropole québécoise. C’est pourquoi il a l’ambition d’amener une concession de la Première ligue canadienne (PLC) dans la grande région montréalaise, peut-être aussi tôt qu’en 2020.

Cette équipe, il veut l’installer à Montréal, pas ailleurs au Canada. Pas même à Hamilton, là où il a amorcé sa carrière dans les rangs professionnels avec les Steelers de la Ligue canadienne de soccer à la fin des années 1980. Là où est né son fils Teal, qui évolue présentement dans la MLS.

Non : c’est à Montréal qu’il veut le faire. Parce que c’est ici que sont des racines. C’est ici l’endroit qui reflète le mieux qui il est et ce qu’il porte dans son cœur.

« Ma famille s’est installée à Montréal quand j’avais 9 ans, j’étais encore tout jeune, a souligné Bunbury lors d’une entrevue téléphonique qu’il a accordée à Rétrosoccer. Toutes les choses que j’ai apprises en Guyane, où je suis né, et qui ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui, elles ont été accentuées à Montréal.

« Ma mère a 93 ans et elle vit encore à Montréal, mon frère Noel vit à Montréal, mes nièces et mes neveux… J’ai beaucoup de famille dans la région. Et plein d’amis », a dit celui qui a longtemps joué en Europe, au Portugal surtout, et est établi depuis belle lurette au Minnesota, où il dirige un centre de formation pour jeunes joueurs de foot – dont est notamment issu Teal.

Né en 1967 à Plaisance, en Guyane, Alex Bunbury est le plus jeune de 13 enfants – neuf garçons, quatre filles.

« J’ai grandi à Saint-Léonard. Comparé à l’endroit d’où nous venions, Montréal était un des endroits où il faisait le plus bon vivre dans le monde, a-t-il affirmé. Ce qui ne veut pas dire que ç’a été facile pour nous. Ma famille n’avait pas beaucoup de ressources financières, mais ma mère et mon père nous ont beaucoup enseigné l’importance de l’amour, du respect, du travail, du dévouement. Ce sont des valeurs qu’ils ont transmises à mes frères et sœurs aînées. Qui les ont transmises à moi, le plus jeune.

« Quatre de mes frères ont été des joueurs de foot phénoménaux – Roy, Morrell, Sammy, qui demeure à ce jour le meilleur buteur du Collège Dawson, je crois, et Tony – et ils tous joué pour le club de soccer de Saint-Léonard, a raconté Alex. Moi, au début, le soccer ne m’intéressait pas. J’adorais jouer au basketball et au hockey. Quand j’ai commencé à jouer au soccer, j’avais 12 ans, et c’est alors que je suis tombé en amour avec ce sport. Deux ans plus tard, j’étais en Équipe du Québec. Ce qui m’a mené à l’équipe nationale U-16 et au programme national. »

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Alex Bunbury en action contre les États-Unis.

Bunbury est ensuite devenu le meilleur buteur à vie de l’équipe nationale canadienne en matchs de qualification pour la Coupe du monde, lui qui a obtenu 66 sélections avec le Canada de 1986 à 1997 au poste d’attaquant. Mais c’est à son entraîneur au club de Saint-Léonard, Mike Tiseo, qu’il donne une grande part du crédit pour son développement.

« Mike a été mon mentor, il a été comme un père pour moi, a dit Bunbury. Il m’a surtout montré comment il faut se comporter dans la vie, comment donner aux autres. Parce que c’est ce que Mike faisait. Il se donnait pour moi et pour les autres joueurs. »

Tiseo avait un tel impact dans la vie de Bunbury que celui-ci a continué de jouer pour Saint-Léonard même quand sa famille est allée s’installer à l’autre bout de la ville de Montréal, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

« Mike m’a appris beaucoup de choses à propos de la loyauté, tout comme ma mère et mon père, a indiqué Bunbury. Bien des fois, j’ai fait le trajet autobus-métro-autobus jusqu’à notre centre d’entraînement. Et parfois, Mike venait me chercher à NDG. Mike a bien pris soin de moi. Je restais souvent chez lui les fins de semaine, son épouse Maria cuisinait pour moi… C’était phénoménal. Je n’oublierai jamais l’impact qu’il a eu dans ma vie et sur ma carrière. »

Tiseo a également eu une forte influence sur le type de joueur que Bunbury est devenu.

« Il m’a donné la liberté de m’exprimer sur le terrain », a indiqué ce dernier.

Le fait que Bunbury ait évolué dans la grande région montréalaise, dans un milieu cosmopolite où différents styles de soccer provenant d’un peu partout dans le monde pouvaient s’affronter et s’influencer les uns les autres, a également été à son avantage. Ça lui a notamment permis de faire carrière en première division portugaise, où il est devenu le meilleur buteur à vie du FC Maritimo, un club centenaire.

Ce style latin, qu’on encourageait au Québec à l’époque et pas ailleurs au Canada, où c’était le règne du ‘kick and rush’ britannique à l’ancienne, lui a été bénéfique même quand il s’est retrouvé en équipe nationale, où le style direct était le courant de pensée dominant.

« Ç’a payé parce que je pouvais exploiter mon instinct, mes habiletés quand j’en avais besoin, a affirmé Bunbury. Je pouvais gérer les ballons aériens, mais quand j’avais le ballon au pied, je pouvais faire des gestes techniques, je pouvais défier un opposant à un contre un, faire preuve de créativité, créer quelque chose à partir de rien.

« Et ça, c’est parce que j’ai appris à jouer au foot à Montréal. Les joueurs de la grande région de Montréal, nous avions du panache. Nick De Santis, John Limniatis et bien d’autres, ils avaient du panache dans leur façon de jouer, et c’est pourquoi je suis fier de mes origines. »

Et c’est cette époque, qui l’a mené jusqu’aux rangs semi-professionnels avec le Corfinium Saint-Léonard dans la Ligue nationale de soccer du Québec, qui a marqué Bunbury et laissé une empreinte sur ses ambitions actuelles à titre d’éventuel propriétaire d’une concession de la PLC. Bien plus que le temps qu’il a passé avec le FC Supra dans la LCS au début des années 1990, un retour au bercail qui s’est avéré plus ou moins heureux, notamment parce que Bunbury avait déjà la tête en Europe, persuadé qu’il avait le niveau pour faire carrière là-bas.

Bunbury sait que le niveau de talent qu’il y avait au Québec, à l’époque, est encore bien présent aujourd’hui. Et, selon lui, la PLC est le meilleur véhicule pour le mettre en valeur, parce qu’il s’agit d’une ligue « pour des Canadiens, par des Canadiens ».

Le dossier avance, d’ailleurs. Nous y reviendrons.