IMFC : le point sur le mercato

Lors de son bilan après la saison 2018 de l’Impact, Rémi Garde avait annoncé un mercato plus qualitatif que quantitatif. De ses commentaires ressortait un constat : le groupe était sur la bonne voie, mais nécessitait prioritairement l’ajout de deux éléments majeurs, soit un attaquant de pointe et un milieu de terrain. Deux mois et demi plus tard, voyons où on en est.

Un attaquant de pointe
L’un des deux éléments à ajouter au noyau était, naturellement, un attaquant de pointe. Après le fiasco Jimmy Briand, plusieurs s’attendaient à ce que le bleu-blanc-noir se tourne vers l’Europe pour trouver son prochain buteur, mais c’est plutôt en MLS que l’Impact semble avoir trouvé son homme de confiance : Maxi Urruti, obtenu par transaction avec le FC Dallas et mis sous contrat à long terme. Toutefois, il s’agit d’un pari : l’Argentin n’a marqué 10 buts ou plus que deux fois lors de ses cinq saisons complètes en MLS, et avec des équipes de meilleur calibre que l’Impact. On suppose que son rôle, en plus de marquer, sera aussi, voire surtout, de créer de l’espace pour ses coéquipiers. Cela cadrerait bien avec les commentaires de Rémi Garde, qui disait chercher un attaquant « efficace et qui travaille pour l’équipe ».

Un milieu de terrain
Rémi Garde avait mentionné lors de son bilan qu’il n’était pas certain de pouvoir trouver le joueur qu’il convoitait durant le mercato et qu’il devrait peut-être faire des compromis. Ce qui est toutefois peu rassurant est l’absence de rumeurs ou de bruits de couloir concernant ce dossier. D’accord, les choses peuvent rapidement changer, mais dans l’optique où Garde espérait compter sur tous ses joueurs dès le début du camp, on comprend que le dossier est compliqué.

Fanni et Sagna
Garde avait mentionné qu’il comptait revoir Rod Fanni et Bacary Sagna avec l’Impact en 2019. Selon toute apparence, le premier nommé ne sera pas de retour avec le club, même s’il est considéré par plusieurs, dont moi, comme l’homme de la saison 2018. Ce départ est un effet secondaire d’une autre décision annoncée par l’entraîneur fin 2018 : le retour de Bush devant la cage de l’Impact. En accordant un nouveau contrat et une augmentation de salaire au gardien américain (ainsi qu’une augmentation un peu nébuleuse consentie à Daniel Lovitz), l’Impact s’est retrouvé à devoir choisir entre Sagna et Fanni. Le couperet est tombé sur le grand défenseur central, malgré son excellente saison. L’Impact se trouve donc déforcé en défense. Une décision qui s’explique mal, d’autant que son unité défensive n’avait rien fait de particulièrement étincelant la saison dernière. Qui plus est, la solution au problème était toute simple et à portée de main : Maxime Crépeau. Le plus-si-jeune gardien, fort de son titre de gardien de l’année en USL, était prêt à faire le saut, aurait commandé un salaire nettement moins gourmand que celui de Bush et aurait plus que probablement fait du bon travail devant la cage. Crépeau-Fanni-Sagna ou Bush-Sagna? Qu’auriez-vous choisi?

Silva
La surprise de l’entre-saison est sans contredit le départ soudain d’Alejandro Silva vers le Paraguay. La généreuse offre déposée par Olimpia était difficile, voire impossible, à refuser. Toutefois, Silva s’était tranquillement imposé comme un rouage important du onze, et son absence creuse un trou béant que l’énigmatique Harry Novillo devra combler à court terme. Au final, le milieu de terrain de l’Impact, qui avait grandement besoin de la greffe d’un élément de qualité voit plutôt un joueur important disparaître. À l’heure actuelle, l’entrejeu montréalais est moins fort qu’en fin de saison 2018. Et comme il n’était déjà pas au point…

Bref, si l’arrivée d’Urruti, malgré ses points d’interrogation, permet de solidifier un tant soit peu l’attaque montréalaise, derrière, des départs ont fragilisé la structure. Encore une fois, l’Impact va amorcer un camp en se posant beaucoup de questions, en espérant que certains éléments surperforment (ou performent tout court) et en priant que les dieux du mercato mettent sur sa route les bons agents. Ironiquement, pour un club dont la devise est « Tous pour gagner », il semble continuellement manquer à l’Impact quelques joueurs pour que son entraîneur puisse travailler sereinement. En somme, s’ils ne sont pas « tous » là, ce sera toujours difficile de « gagner ». On attend, on espère, on regarde s’il y a moyen d’améliorer le groupe. Bref, on n’est jamais satisfait et on ne sait jamais si quelqu’un va arriver. Bref, de « Tous pour gagner », on devrait peut-être passer à « On verra ». Parce que ce serait nettement plus approprié. On verra. Si jamais. Avec un peu de chance. Comme les West Ham ou Real Sociedad de ce monde, quoi. Le championnat? Quel championnat? Un jour, peut-être qu’on fera un Leicester, mais les chances sont tout de même plus grandes de se faire Santos Laguner en cours de route. Mais au fond, ce n’est pas grave. Après tout, l’objectif c’est de « faire les séries ». Personne n’a jamais parlé de gagner la coupe. Enfin, si, mais ça, on s’est donné cinq quatre trois ans pour le faire. D’ici là, faisons les séries. Comme West Ham ou la Real Sociedad espèrent accrocher une place en coupe d’Europe, quoi.