Il y a 20 ans, l’Impact jouait encore à ce moment-ci de l’année.
Non, pas en séries. Dans la NPSL, au soccer intérieur avec bandes de hockey. Ce qu’on appelle désormais le soccer d’aréna.
On n’en parle plus guère de nos jours, même en cette année de 25e anniversaire du club où on en profite pour se pencher sur le passé du onze montréalais. Car la NPSL, c’est un peu comme le cousin ou la cousine dont on ne mentionne plus tellement le nom, parce qu’il/elle vit désormais dans une contrée lointaine et qu’on n’a plus vraiment de ses nouvelles.
Mais les plus vieux/vieilles de la famille se souviennent. Comment ne pas se souvenir du prestige de jouer au Centre Molson, des buts de trois points, des tirs à côté du but exprès pour que le ballon rebondisse sur la bande et qu’un coéquipier marque sur le retour?
Les souvenirs sont là, mais ils sont flous toutefois. Car l’aventure de l’Impact dans la NPSL n’aura duré que trois saisons : au Centre Molson (maintenant le Centre Bell) en 1997-98 et 1998-99, puis au Complexe sportif Claude-Robillard en 1999-2000. Puis, il y a eu cette quatrième campagne en quelque sorte, quand l’Impact a vendu sa concession de la NPSL à un groupe d’hommes d’affaires de Toronto, et que les Mauro Biello, Giuliano Oliviero, Nevio Pizzolitto et compagnie sont allés jouer pour les Thunderhawks.
L’aventure a été brève car les assistances ont été maigres. Ç’aura été un échec, mais on ne peut qualifier d’erreur la décision de Joey Saputo de se lancer là-dedans. Après tout, plusieurs équipes de la NPSL fonctionnaient très bien, à Milwaukee par exemple.
Et 15 ans plus tôt, le Manic avait joué devant des salles combles au Forum de Montréal et ce, même si la Brasserie Molson ne faisait à peu près aucun marketing pour mousser les matchs. Il faut savoir que la NASL obligeait ses clubs à jouer au soccer d’aréna l’hiver, mais Molson ne voulait pas dépenser en matière de publicité pour le soccer durant cette période de l’année; elle avait acheté le Manic pour en faire son véhicule promotionnel l »été mais l’hiver, elle n’en avait pas besoin, étant déjà proprio du Canadien au hockey.
Donc, dans une certaine mesure, il y avait lieu de croire qu’il y avait des chances que ça marche.
« Joey (Saputo) voulait que l’équipe continue de jouer l’hiver pour éviter qu’elle tombe dans l’oubli la moitié de l’année », a indiqué John Limniatis, qui a disputé les trois saisons de l’Impact en NPSL, et même agi comme entraîneur une partie de la saison 1999-2000, et avait auparavant joué avec l’Attack de Kansas City dans la ligue. « Selon moi, ce n’était pas une erreur du tout, mais (Montréal) était un marché très difficile pour que ce soit viable financièrement. »
La NPSL fonctionnait dans des villes où l’offre au chapitre des équipes professionnelles était plutôt mince, et où les gens n’avaient pas de préjugés contre le soccer d’aréna, réagissant positivement à tout ce qu’on présentait comme une occasion légitime de se distraire pendant quelques heures – et dans la NPSL, les distractions en marge du terrain étaient nombreuses! Mais on ne retrouvait pas ce contexte à Montréal.
« À Montréal, où il y a un grand nombre d’immigrants, les gens n’ont pas aimé le soccer intérieur parce qu’ils trouvaient que ce n’était pas du vrai soccer, a-t-il indiqué. Je connaissais plusieurs personnes qui venaient voir nos matchs à l’extérieur, mais pas à l’intérieur. »
L’ancien défenseur a eu du plaisir à évoluer l’hiver avec ses compagnons d’armes habituels, et il a apprécié le fait de pouvoir gagner un bon salaire sur 12 mois grâce au soccer – en additionnant ses revenus de l’intérieur à ceux du foot à 11 –, mais reste que pour lui, la « vraie saison », c’était celle sur le grand terrain.
« Il m’a fallu une certaine période d’ajustement pour comprendre toute l’importance des rebonds et des frappes sur les bandes, des choses comme ça, a indiqué Limniatis. J’ai fini par être l’aise, mais jamais au même niveau qu’à l’extérieur.
« Il n’y avait rien que je trouvais de vraiment mauvais, mais ce que j’aimais un peu moins, c’était que le risque de blessure grave était plus élévé à l’intérieur.
« Il y avait certains joueurs qui étaient très bons à l’intérieur, mais pas aussi bons à l’extérieur, et vice versa », a par ailleurs noté Limniatis.
Jocelyn Roy appartenait à la première catégorie. L’attaquant de Granby n’a jamais été en mesure de se faire une place chez l’Impact à l’extérieur, à part la courte période où Zoran Jankovic a été l’entraîneur de l’équipe au début de la saison d’été 2000, mais il a eu un impact important dans la NPSL, lui qui avait marqué 30 buts et plus lors de la dernière année de l’Impact en NPSL, puis avec les Thunderhawks.
Ce joueur de hockey de bon niveau – il a joué dans les rangs semi-professionnels et au junior tiers-2 – a vite appris à tirer profit des particularités de soccer avec bandes.
« La dynamique d’être cinq personnes sur une surface, avec toutes les notions d’utiliser la bande, le tir-passe au deuxième poteau… Et on s’entend que sur une surface intérieure, quand on fait une feinte et qu’on déjoue un joueur, on est toujours plus proche du but adverse qu’au soccer extérieur », a fait remarquer Roy, qui s’est par ailleurs découvert un talent particulier pour les penalties à la sauce NPSL.
Roy a également beaucoup apprécié le soccer d’aréna parce que ç’a été le moment où il a pu goûter régulièrement à la vie d’athlète professionnel nord-américain.
« Tout était bien organisé, a-t-il indiqué. C’était le fun de jouer dans bien des arénas, c’était populaire dans plusieurs villes aux États-Unis. Quand on allait à Cleveland, à Milwaukee, même des endroits comme Wichita et Harrisburg, l’ambiance était très plaisante. Il y avait toujours de l’animation, des meneuses de claques, un joueur de football qui venait lancer des ballons dans la foule à la mi-temps, des choses comme ça », a indiqué Roy.
Et grâce à la NPSL, les joueurs de l’Impact ont eu le privilège(!) de jouer une partie de soccer impromptue avec les joueurs du Canadien, un certain matin où le onze montréalais tenait un entraînement matinal au Centre Molson et que les joueurs du club montréalais de la LNH étaient présents eux aussi.
« On avait mélangé les équipes et fait un petit match entre nous, a raconté Limniatis. Saku Koivu et Vladimir Malakhov avaient été bons, mais… les autres avaient juste niaisé! »
Quand même, frayer avec les Glorieux, jouer dans la même enceinte qu’eux… Alessandro Nesta et Didier Drogba peuvent-ils se vanter de ça, eux? Hein? HEIN?!?
On rit, mais reste que la NPSL aura toujours une petite place dans le cœur de plusieurs personnes qui l’ont connue. Et ce, même si on n’a plus de ses nouvelles et qu’on n’est pas près d’en ravoir, en dépit du fait que le soccer d’aréna continue de vivre au sud de la frontière avec la MASL.