Nous voilà arrivés au terme de la saison 2018. Tel un cycliste hors du coup, l’Impact a traversé la ligne en roue libre, incapable de donner les coups de pédale nécessaires pour suivre le rythme lors du sprint. Triste fin, mais match qui laisse quand même de grosses indications sur la voie à suivre. Retour sur le dernier épisode en trois constats.
1) Ça manquait cruellement d’animation offensive
Comme ce fut le cas la plupart du temps cette saison, l’Impact souffrait cruellement d’un manque d’animation offensive. Si ce problème criant peut être contourné plus ou moins efficacement en cours de saison en ajustant la tactique, quand vient le temps des victoires obligatoires, la situation se complique gravement. À Foxborough, comme la solution de rechange ne fonctionnait pas, le bleu-blanc-noir a été forcé de prendre les choses en main en seconde mi-temps. Et malheureusement, l’Impact était incapable de construire le jeu. La construction, ce n’est pas seulement ce qu’un joueur fait avec le ballon, c’est en grande partie aussi ce qu’il fait sans le ballon ou après l’avoir donné. Sur ce plan, plusieurs montréalais étaient à classer dans la catégorie « spectateur » plutôt que dans la catégorie « acteur ». En fait, le seul qui était en mesure d’apporter beaucoup de liant et d’intelligence de jeu en construction était Bacary Sagna qui, en s’appuyant parfois sur Silva, parfois sur Azira, est parvenu à malmener la défense adverse sur son flanc. Malheureusement pour lui, il se retrouvait la plupart du temps sans option après avoir débordé ou transpercé Brandon Bye.
2) L’Impact a complètement abandonné l’axe
On l’avait déjà vu contre Columbus au stade Saputo au début du mois, et cette fois c’était encore tout aussi étrange. Il ne se passait rien offensivement dans l’axe pour l’Impact. D’accord, il y manque une pièce maîtresse, ce milieu offensif axial qui devrait logiquement être une des principales priorités du prochain mercato, mais quand même, à force de voir Taïder jouer à la place de Piatti (et Azira à celle de Silva), on se demande si se marcher sur les pieds fait partie de la tactique établie par l’entraîneur ou s’il s’agit d’initiatives personnelles. Quoi qu’il en soit, ça n’apporte rien et ça enlève continuellement des options de passe dans l’axe en phase offensive, en plus d’isoler complètement Amarikwa.
3) Rater les séries, c’est mieux
Oui, c’est une saison de transition. Oui, c’est bien d’avoir pu garder un enjeu jusqu’au dernier match. Oui, vu le début de saison complètement raté, on peut voir une nette amélioration. Tout cela est très positif. Mais l’Impact n’avait pas l’équipe pour réussir en séries. Lâchez-moi avec vos « oui, mais en séries, tout peut arriver ». Non. Pas avec une équipe qui comporte autant de lacunes et qui, ultimement, se bat elle-même plus souvent qu’elle ne se fait battre par les autres. Le dénouement de cette saison est en fait la meilleure chose qui pouvait arriver à l’Impact. Rémi Garde a démontré sa valeur et pourrait objectivement mériter une mention pour le titre d’entraîneur de l’année. L’effectif affiche un bon potentiel, mais aussi des lacunes claires et évidentes. La cellule de recrutement a illustré ses limites. Bref, la voie est clairement balisée pour que le club arrive en 2019 avec un plan, des outils et des ambitions autres que le sempiternel et insipide « se qualifier pour les séries ».
Bref, ainsi se termine la saison, sur un match qui résume assez bien la campagne 2018. Un départ timide, puis une course contre la montre, pour finalement ne pas arriver à destination. Mais le pas en avant est énorme comparativement au chaos qui prévalait il y a un an. Un entraîneur en pleine possession de ses moyens avec une profonde connaissance de son effectif et une vision claire des solutions pour l’améliorer, ça ne peut qu’aider le club à poursuivre sa progression. Encore faut-il que l’Impact (ou Bologne?) soit en mesure de dénicher les éléments nécessaires au renforcement du noyau. Savoir, c’est bien, mais agir, c’est autre chose. La saison morte devrait être au moins tout aussi intéressante que la saison 2018.
Prochaine étape, le bilan du club, qui devrait normalement lever un peu le voile sur l’orientation que prendra le mercato hivernal.