Québec Soccer, témoin de la première heure

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Que signifient les initiales QS? Si vous avez répondu Québec solidaire, alors vous… me décevez un petit peu, désolé.

Parce que premièrement, ça veut dire que vous n’avez pas lu le titre attentivement. Et deuxièmement, parce que si vous étiez un fan de soccer québécois, un vrai de vrai, vous devriez savoir que QS veut dire Québec Soccer.

Québec Soccer, comme dans le magazine Québec Soccer. Comme dans, surtout, le premier magazine spécialisé en soccer du Québec. Dans le sens de : le premier d’entre tous, arrivé avant tout le monde.

Si vous avez découvert le foot d’ici il y a moins de trois ans, on vous pardonne toutefois, parce que Québec Soccer a arrêté de publier au mois d’août 2015. Mais voilà que Pascal Cifarelli, l’éditeur-fondateur du magazine qui a vu le jour en 1977, a décidé de reprendre le flambeau et ce, même si l’heure de la retraite a sonné il y a quelque temps déjà pour l’ancien directeur du journal Corriere Italiano. Vous aurez sans doute l’occasion de mettre la main sur une copie du premier numéro de la relance ces prochaines semaines, quand vous passerez par votre centre de soccer préféré.

Avant QS, le néant
Les sources d’information sur le soccer québécois sont maintenant plus nombreuses que jamais, mais à l’époque où Cifarelli a fondé QS, il y a plus de 40 ans, c’était le néant.

« Quand Québec Soccer a publié la première fois, il n’y avait pas de magazine de soccer au Québec, ni au Canada, a indiqué Cifarelli. Il y avait juste un petit livret que publiait l’Association canadienne et qui s’adressait aux dirigeants du soccer. »

Le besoin était là, avait constaté Cifarelli. Il était même criant.

« Je suis arrivé au Canada au mois d’avril 1964 et au mois de mai, j’étais déjà à la rédaction du Corriere Italiano. Avec le temps, j’ai appris à faire le travail de journaliste et la technique pour faire le journal, a raconté ce comptable de formation. J’ai commencé à connaître un peu tout le monde et, à l’été 1965, je me suis mis à fréquenter le milieu du soccer montréalais. J’étais un amateur de soccer et j’ai commencé à écrire des articles pour le Corriere.

« Au fil des années, j’ai noté le mécontentement des dirigeants, des joueurs, du public qui suivaient le soccer montréalais, qui déploraient que personne dans les médias locaux s’occupait de ce sport. On ne voyait jamais des choses sur le soccer dans La Presse, le Montréal-Matin, etc., sauf quand il y avait de la bagarre, localement ou à l’international.

« J’ai donc eu l’idée de lancer le magazine. Et j’ai pu le faire parce que j’étais en position de m’en occuper de A à Z – les photos, le montage, l’administration… J’ai même fait du montage chez moi, dans la cuisine! Il y a juste les articles que je ne pouvais pas écrire en français, mais je les rédigeais en italien et je les faisais traduire. »

Cifarelli a donc lancé cette bouteille à la mer, une mer de plus en plus grouillante en raison du développement du soccer québécois. Et il a eu l’aide de bien du monde. Des gens qui, comme lui, aimaient le foot d’un amour un peu fou et voulaient répandre la bonne nouvelle. Comme Georges Schwartz, un pionnier de la première heure, comme Jacques Gagnon aussi, comme Pierre Latreille, Jean Trudelle…

« Grâce à l’aide des amis, des gens de soccer, de beaucoup de collaborateurs, je n’avais pas de dépenses de journaliste, c’était vraiment une affaire de cœur pour moi et pour tout ce monde-là », a souligné Cifarelli.

Et c’étaient des gens de qualité puisque plusieurs d’entre eux ont œuvré dans le monde des grands médias par la suite, ou même pendant leur collaboration. Gagnon et Latreille ont travaillé aux diffusions des matchs du Manic à TVA, Trudelle a été collaborateur à La Presse, votre serviteur s’est retrouvé à La Presse Canadienne, Patrick Vallée s’est trempé les pieds dans le foot d’ici avant de se retrouver directeur des communications à l’Impact, Claudine Douville et Jean Gounelle (et Schwartz aussi) ont collaboré en même temps qu’ils étaient à RDS, Philippe Germain a décrit les matchs de l’Impact à la SRC, sans oublier les photographes Bernard Brault (La Presse), Patrick Woodbury (Le Droit), André ‘Pépé’ Périard (Courrier Laval), Pascale Simard (La Presse Canadienne)… Nos excuses à ceux qu’on aura omis de cette liste!

La parole aux gens d’ici
L’arrivée du Manic de Montréal en 1981 a donné de l’impulsion au soccer québécois et, par le fait même, à QS. Ce qui a permis à Cifarelli, un homme qui veillait à la promotion du soccer local, mais aussi aux vertus du journalisme indépendant, de vivre une pléiade de moments palpitants au fil des ans.

« On a couvert cinq fois le Soccer Bowl, a dit Cifarelli en parlant du match de championnat de la défunte LNAS des années 1970 et 1980. J’ai rencontré Pelé, j’ai rencontré Cruyff, on a rencontré Bettega et Platini. Et Havelange quand il est venu à Montréal… On a couvert le match de l’Italie à New York contre une sélection des meilleurs joueurs du Mundial de 1982, après la victoire de l’Italie à cette Coupe du monde, où j’ai pu rencontrer Dino Zoff et Giorgio Chinaglia. J’ai eu des satisfactions extraordinaires. »

QS a par ailleurs toujours veillé à ce qu’une bonne partie du magazine soit consacrée au soccer amateur, ainsi qu’à ceux et celles qui veillent au développement de nos jeunes.

« Le but, ça n’a jamais été de parler seulement des professionnels, a affirmé Cifarelli. Oui, on pouvait parler de Maradona, mais tous les magazines de soccer en parlaient aussi. Les gens de chez nous, qui en parlait? Personne. On était les seuls à faire des entrevues avec des gens que jamais un autre journal n’aurait approché. C’était ça, la mission. »

Et maintenant que Québec Soccer va recommencer à publier, ça l’est toujours.