Nombreux sont les joueurs qui ont répondu à l’appel de la Première ligue canadienne (PLC) à Laval la semaine dernière. En tout, ils étaient 220 à être venus montrer leurs habiletés aux responsables des sept équipes du nouveau championnat professionnel canadien. Devant eux se dressait un monument du soccer canadien et québécois, Alex Bunbury, embauché par la ligue pour piloter les camps de détection qui se tiennent actuellement et mèneront les recruteurs d’un océan à l’autre, de Halifax à Victoria.
Pour Bunbury, tout a commencé par un coup de téléphone. La ligue était à la recherche d’une figure connue pour, dans un premier temps, s’occuper des camps de détection. « Ils m’ont téléphoné, car ils cherchaient un joueur que les gens connaissent du passé, mais qui peut aussi créer un lien avec le futur, explique Alex Bunbury. Ils m’ont sélectionné, car ils estimaient que j’étais une figure connue et que j’avais accompli beaucoup de choses dans ma carrière, ce qui faisait de moi un bon candidat pour diriger les camps de détection, mais aussi pour participer activement à la ligue par après. Je suis très… » Bunbury, ému, marque une pause, se ressaisit, puis continue : « Ça me rend émotif. En toute honnêteté, je suis vraiment touché et honoré qu’ils aient pensé à moi. »
Il faut savoir que ce coup de téléphone, Bunbury l’attendait depuis longtemps, mais de la part d’une tout autre entité, qui depuis trop longtemps n’a malheureusement pas le réflexe de piger dans les anciens joueurs canadiens pour combler ses postes. Et Bunbury n’a pas peur de le dire : l’Association canadienne de soccer aurait dû faire mieux. « Pour être franc, j’ai été très déçu de l’Association canadienne de soccer, lance le membre du Temple de la renommée de l’ACS. Ils ont tenu à l’écart des joueurs comme moi et bien d’autres. Je ne peux pas imaginer un autre pays où des joueurs qui sont allés en Europe et ont accompli de grandes choses peuvent être ignorés et ne pas recevoir le moindre appel pour s’impliquer dans le sport, surtout auprès des jeunes, pour partager avec eux leurs connaissances et leur expérience. L’ACS a failli misérablement à ce chapitre. » Bunbury se dit toutefois optimiste, et espère que l’ACS verra que la participation d’anciens joueurs à la Première ligue canadienne est une chose positive et qu’elle en tirera des leçons. « Avec un peu de chance, cela ouvrira les portes de l’ACS à des joueurs qui ont fait de l’excellent boulot pour le Canada. Les choses s’améliorent déjà; certains nouveaux venus semblent comprendre les bienfaits de faire participer des anciens joueurs comme moi. »
On l’aura compris, Alex Bunbury est extrêmement heureux d’avoir enfin la chance de venir prodiguer ses conseils aux jeunes joueurs canadiens. Évidemment, cet arrêt à Montréal signifie encore plus pour celui qui a grandi sur les terrains de la métropole du Québec. « C’est incroyable!, s’exclame Bunbury, la voix tremblante. Montréal regorge depuis toujours de joueurs talentueux. Je le sais, car c’est chez moi! On l’a vu hier et aujourd’hui [au camp, ndlr]. On a pu constater la grande qualité des joueurs. Les entraîneurs venus d’un peu partout au pays pour observer sont très impressionnés. Avoir la chance de revenir chez moi pour contribuer, c’est génial. Je suis sur un nuage. »
Revenir à la maison, s’impliquer, aider les jeunes à passer à un niveau supérieur… Ne serait-ce pas mieux s’il y avait une équipe de PLC au Québec? « On ne peut pas avoir une Première ligue canadienne sans équipe au Québec, estime Bunbury. Et on ne devrait pas avoir qu’une seule équipe, il nous en faudrait deux! La province est suffisamment grande, et il y a assez d’ethnies et de diversité dans la population pour les soutenir. Les gens au Québec sont accueillants et adorent le soccer. » Techniquement, oui, il y a la place pour une ou deux équipes au Québec, mais on sent très peu d’intérêt de la part d’investisseurs potentiels. Toutefois, Bunbury révèle qu’il s’agit d’un dossier chaud dans les bureaux de la PLC et qu’il fait le maximum pour le voir se concrétiser. « Oui, ça se parle en coulisses et je m’assure de m’impliquer activement dans le dossier. Je fais des pressions auprès du commissaire et des divers intervenants pour m’assurer de faire ma part et qu’on amène au moins une équipe ici au Québec. » Bunbury indique de plus qu’il n’hésiterait pas à revenir au Québec pour s’occuper d’une équipe. « Je ne sais pas si je voudrais entraîner, révèle le joueur canadien de l’année en 1993 et 1995. Évidemment, je pourrais le faire, mais je me vois plutôt occuper un rôle de gestionnaire. Directeur technique, directeur général, mais aussi copropriétaire. »
Alex Bunbury était plus qu’heureux de revenir au Québec pour sa passion, pour contribuer au soccer local et aider le sport à se développer chez lui, là où tout a commencé pour lui. Avec un peu de chance, les astres s’aligneront pour faire en sorte que le Québec ait un club et offre ainsi à Alex Bunbury l’opportunité qu’il attend depuis la fin de sa carrière professionnelle. De toute évidence, on peut sortir Bunbury du Québec, mais sortir le Québec de Bunbury est une tâche nettement plus difficile.