Aïe. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus sur ce déplacement à Washington qu’on présentait comme le match de l’année. Un (autre) rendez-vous manqué pour les hommes de Rémi Garde qui soulève quelques questions importantes. Retour sur le naufrage en trois constats.
1) Les statistiques sont absolument affolantes
60,7 % de possession, 11 corners contre 2, 81 % de passes réussies dans le dernier tiers contre 67 %, 25 tirs contre 9. Clairement, DC United a largement dominé son sujet et mérite son écrasante victoire. Euh… Eh ben non, ce sont plutôt là les statistiques de l’Impact. Qu’est-ce qui n’a pas bien été alors? Quatre tirs cadrés, contre six pour DCU (et cinq buts!). Vous l’avez lu plusieurs fois dans cette chronique cette saison : trop souvent, l’Impact cadre très peu ses tirs. Samedi, l’Impact a dominé, largement, mais a rarement inquiété Bill Hamid, qui semblait pourtant dans un jour sans tant au niveau de ses prises de balles que de ses déplacements. Raison de plus pour… cadrer.
2) Personne n’a levé le ton
Ça aussi, c’est un problème qu’on a pu constater à plusieurs reprises cette saison. Quand l’enjeu est important (une demi-finale retour de championnat canadien à Vancouver, un classico à Toronto…), l’Impact disparaît complètement des radars et personne sur le terrain ne semble prendre l’initiative de donner un coup de gueule pour réveiller les troupes. À Washington, on a encore vu ce calme plat, cette mer d’huile sans l’ombre d’un remous, voire cette goutte qui coule lentement sur le dos d’un canard. On pourrait dire que le langage corporel en disait long, mais pour être plus juste, il faudrait dire que le langage corporel était tout simplement inexistant. Où était cette mentalité de vainqueur, cette rage de vaincre, cette grinta? Nulle part. Même quand Piatti semblait s’être fait descendre dans la surface, personne n’a bronché. Faible.
3) Rooney-Acosta, la paire dont l’Impact a besoin
Évidemment, il ne faut pas prendre ce constat au pied de la lettre : ce sont deux joueurs intouchables et Rooney est réellement dans une classe à part. Toutefois, le match de samedi a illustré clairement le besoin pour l’Impact de se doter d’un milieu offensif créatif et d’un attaquant efficace. Match après match, on peut le constater : il ne se passe absolument rien dans l’axe du milieu du terrain dans le dernier tiers pour l’équipe montréalaise. C’est le néant. Les chapitres « Silva-Sagna et on ferme les yeux en espérant qu’il se passe un truc bien » ou « Lovitz-Piatti et on se croise les doigts que Nacho ait le compas dans l’œil » ont été appris par cœur par les adversaires. L’arrivée d’un milieu offensif et d’un attaquant qui peuvent, comme Acosta et Rooney, combiner à peu près n’importe où sur le terrain et faire d’importants dégâts en un clin d’œil serait une excellente chose pour le bleu-blanc-noir. En fait, un tel recrutement devrait être une priorité pour le mercato hivernal. Et vous savez quoi? (Cœurs sensibles, arrêtez de lire ici.) Il ne faudrait pas repousser l’idée d’échanger Nacho Piatti pour trouver la paire idéale. Nacho, on l’adore, il est au summum de sa carrière en MLS et c’est un joueur extraordinaire. Mais il a 33 ans, et le jeune Mathieu Choinière a dans les jambes un potentiel gigantesque, insoupçonné même par certains, auquel il faut faire place plus tôt que tard, pour éviter de gâcher le parcours d’un autre talent brut de l’académie.
Mais oublions l’avenir pour le moment et revenons à nos moutons. L’Impact a encore une fois illustré son grave problème de mentalité, son manque de leadership et son incompréhensible absence de rage de vaincre, et est tombé à plat dans un match crucial. La mentalité de conquérant est pourtant une nécessité pour toute équipe qui se présente en séries éliminatoires. Ainsi, il faut se poser la question suivante : ne serait-il pas mieux de rater les séries et de forcer ainsi l’analyse immédiate des carences que de se qualifier, faire acte de présence dans l’élite et se dire qu’on a fait une bonne saison avec un groupe qui a été construit petit à petit et qui donnera certainement de meilleurs résultats en commençant la saison ensemble en 2019? Les lacunes de l’équipe sont importantes et son effectif rafistolé avec des bouts de ficelle risque de ne pas soutenir le poids d’une autre saison.
Retour à la maison contre le condamné à mort de la ligue, le Columbus Crew SC, samedi à 15 h.