Il y a de ces matchs qui passent nettement moins bien. Ou qui ne passent pas du tout. Des prestations difficiles à avaler. Des attitudes qui n’ont pas leur place dans ce qui est supposé être un derby, un classico, une rivalité, quel que soit le terme que vous préférez employer. Bref, parfois, on a l’impression qu’on se fout de notre gueule. Trois constats sur un non-match.
1) Il faut arrêter de nous bassiner avec cette soi-disant rivalité
Une rivalité, un derby, un classico, ça ne se simule pas. Il n’y a pas d’interrupteur à enclencher quand c’est le temps d’affronter un véritable rival, un ennemi juré. Ça vient tout seul, ça. C’est dans les tripes. Le classico Toronto-Montréal, s’il a déjà bel et bien existé, ne représente plus grand-chose. On l’a encore vu cette semaine, avec les grandes phrases vides que certains joueurs nous ont servies pour nous expliquer à quel point ce match était important. Et puis, sur le terrain, *bruit de pet*. Rien. Nada. Deux adversaires qui se regardent comme s’ils se voyaient pour la première fois. La seule manifestation d’animosité qui a eu lieu sur le terrain est une brève altercation entre un préparateur physique et un jardinier pour une question d’arrosage lancé un peu hâtivement. Il y a franchement de quoi rire.
2) Il n’y avait aucun engagement
Autre signe que la rivalité est un peu « forcée » depuis quelques années, on a encore vu l’Impact se pointer au BMO Field en touriste, jouer à moitié, ne pas mettre le pied, voire éviter les contacts. Habituellement, par contre, Toronto ne se gêne pas pour malmener le bleu-blanc-noir, influencer les arbitres et être de façon générale détestable. Samedi, rien. Les 22 acteurs semblaient avoir la tête ailleurs. Mais c’est toutefois l’Impact qui avait le plus l’air de s’en contrefoutre. On retiendra notamment la perle de Sagna et Fanni qui, lors du second but torontois, ne daignent même pas garder un œil sur Sebastian Giovinco. On dit toujours qu’un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne. Apparemment, pour certains, jouer n’était en effet pas au programme.
3) Garde a raté son coup
Rémi Garde a fait de l’excellent boulot cette saison. On l’a souvent vu en contrôle, prenant les bonnes décisions, gagnant même plusieurs points grâce à ses choix tactiques, parfois en cours de match. Rares étaient ses mauvaises décisions. Et puis, il y a eu ce match à Toronto, où il s’est spectaculairement planté en enlevant Saphir Taïder de la circulation dans l’axe, se privant ainsi de son milieu de terrain le plus dynamique pour contrer le trio Bradley-Osorio-Vazquez. Avec un Piette en perte de vitesse, un Krolicki trop limité et un Azira arrivé trop récemment pour pouvoir agir en patron, Garde s’est mis en difficulté dès le départ. Le mélange de mauvaise disposition tactique et d’absence totale d’intérêt de la plupart de ses joueurs a été une réelle bombe pour Rémi Garde. Et même pas une bombe à retardement. Elle lui a pété directement à la gueule, sans le moindre avertissement. Boum.
Au-delà du classico le moins engagé de toute la planète, on retiendra surtout les limites de l’effectif montréalais. Si Amarikwa a commencé à montrer des signes encourageants après avoir pris ses marques, il reste que ce n’est qu’une légère amélioration sur Mancosu. Le duo Piette-Azira a montré à tous qu’il vaut mieux ne pas les faire jouer ensemble, vu leur profil trop semblable. Krolicki, c’est mince. Taïder à gauche et Piatti devant, c’est idiot (et terminé, on l’espère). Silva est fort, mais beaucoup moins efficace quand on le ramène sur le banc alors qu’il est de tous les bons coups offensifs. Derrière, il y a des vieux qui montrent de plus en plus leur âge. Tout ça pour dire que l’Impact a raté son mercato et devra travailler fort cet hiver pour combler ses importantes lacunes. Certes, l’Impact n’est pas mauvais. Mais il n’est pas bon non plus.
D’accord, la saison n’est pas terminée. Mais l’Impact risque fort de ne pas se qualifier pour les séries. Et quand bien même il se qualifierait pour les séries, il le ferait en cravachant jusqu’au fil d’arrivée et arriverait à destination complètement épuisé. Ne vaut-il mieux pas que l’Impact rate les séries et qu’un sentiment d’urgence naisse chez l’état-major montréalais plutôt que de se qualifier et que les décideurs croient être à « quelques ajustements » de posséder une équipe hautement compétitive? Un des problèmes récurrents de ce club est de considérer la qualification pour les séries comme une réussite plutôt que comme une étape. Attention, donc, de ne pas trop accorder d’importance à ce soi-disant objectif. Gagner un trophée devrait toujours être l’objectif. C’est dans les cours d’école que « l’important, c’est de participer ». Pas dans les stades. Malheureusement, avec la mentalité affichée samedi sur le terrain du supposé ennemi et à Vancouver en demi-finale du championnat canadien, on peut difficilement croire que l’Impact soit là pour autre chose que de simplement participer.
Les rouges du New Jersey débarquent en ville samedi prochain. On verra si l’Impact songe plus aux séries qu’aux vacances.