Le parcours de l’Impact en Championnat canadien est déjà terminé cette année et c’est bien dommage. Parce qu’on se dit qu’au fond, il n’y a rien de mieux qu’une présence en Ligue des Champions de la CONCACAF, et un long parcours qui débouche sur des confrontations éliminatoires contre des équipes mexicaines et latino-américaines, pour donner du relief à une saison du onze montréalais, pour faire embarquer les partisans à fond et pour donner au club une visibilité inégalée. Choses que même les séries de la MLS n’arrivent pas à faire… dans mon livre à moi, du moins.
En 25 ans d’histoire, l’Impact a réalisé deux coups d’éclat en Ligue des Champions. L’exploit le plus grandiose, c’est quand la formation montréalaise s’est rendue jusqu’en finale en 2015. Mais avant ça, avant la MLS, il y a eu cette première fois en 2008-09 quand l’Impact s’était rendu jusqu’en quarts de finale. Et une première fois, ç’a son charme particulier.
Ceux et celles qui se souviennent de cette première fois se rappellent évidemment d’Eduardo Sebrango et de son doublé réalisé devant 55 571 spectateurs au Stade olympique lors du match aller contre Santos Laguna, en février 2009. L’ancien goleador du onze montréalais, lui, s’en souvient encore très bien.
En marquant dès la cinquième minute de ce match, Sebrango a permis à l’Impact de vivre une soirée magique et inoubliable. Et ce, devant une foule venue assister en nombre record à la présence inattendue d’un petit club de soccer de deuxième division nord-américaine à ce stade de la compétition continentale.
Alors que Santos Laguna pressait le jeu en deuxième demie, Sebrango a ajouté au score à la 77e, permettant à l’équipe de se gagner de nouveaux fans, mais aussi aux partisans de la première heure de vivre un rêve qu’ils n’osaient pas mettre aux rangs des objectifs réalisables.
Évidemment, il existe un deuxième volet à cette histoire, puisque Santos Laguna a renversé la vapeur lors du match retour en sol mexicain, l’emportant 5-2 pour s’imposer en vertu de la différence de buts. Là aussi, pourtant, l’Impact avait fait rêver jusqu’à la toute fin, alors que Roberto Brown (24e) et Sebrango (38e) ont permis au club montréalais de prendre les devants 2-1 à la demie. Des buts mexicains à la 52e et 75e auraient été insuffisants n’eut été du miracle réalisé par les Guerreros, qui ont inscrit deux buts pendant les cinq minutes d’arrêts de jeu.
La déception fut grande sur le coup, mais cette série est néanmoins restée inscrite dans les annales des plus grands moments de l’histoire du club. Et Sebrango, lui, a obtenu la gratitude des fans de l’Impact pour l’éternité.
Vous trouverez ci-dessous l’entrevue que Sebrango avait accordée au site La 90e minute à ce sujet, lui qui est toujours installé dans la grande région de Montréal, où il agit comme entraîneur-chef des U-14 au sein de l’Académie de l’Impact.
Q : Quels sont les souvenirs que tu gardes du match aller contre Santos Laguna en 2009?
ES : C’était une soirée spéciale, pour moi et les fans, mais aussi pour le club et pour la ville en général, du fait qu’un club de deuxième division se rende aussi loin et affronte une équipe de premier plan de la ligue mexicaine. J’étais très excité d’avoir cette opportunité de jouer un match aussi important. C’était le premier match de mon deuxième séjour avec l’Impact, je voulais bien faire. Je me souviens des derniers jours avant le match, on parlait beaucoup du monde qu’il y aurait dans les gradins. C’était clair que nous étions les négligés avant le match, et nous savions que c’était un privilège de jouer au soccer au milieu de l’hiver.
Q : Les gens se sont-ils mis à te reconnaître plus souvent dans la rue après ce match-là?
ES : Avant, il y avait eu à peu près 10 personnes qui m’avaient reconnu dans la rue… La majorité des gens se souviennent de ce match-là, savent à quel point ç’a été important pour le club. Beaucoup de gens me remercient encore, ils me disent qu’ils étaient là ce soir-là. Ç’a été une soirée cool pour les fans aussi.
Q : Comment était l’atmosphère dans votre vestiaire pendant la mi-temps?
ES : Nous étions un peu sous le choc. Le premier but avait été marqué rapidement. Mais nous avons surtout réalisé que nous méritions d’être dans cette position, nous avions gagné en confiance après avoir dominé le jeu pendant la majorité de la première demie. Les gars ont constaté que c’était réalisable d’aller chercher ce match-là à domicile.
Q : Évidemment, il y a un deuxième volet à cette histoire, le match retour au Mexique…
ES : En fait, je me souviens davantage du deuxième match que du premier. Je me souviens que nous sommes partis plusieurs jours d’avance, nous étions allés à Houston pour la préparation, où nous avons disputé un match amical, puis continué au Mexique. Il y avait beaucoup de fébrilité pendant la mi-temps étant donné que nous avions l’avance 2-1. Les gars disaient que c’était possible. Mais ce qui est arrivé (en deuxième demie) a montré qu’il nous manquait encore l’expérience nécessaire pour être capable de gérer ce genre de situation. Avec le recul, il est clair que nous avons commis des erreurs. Ç’a été un mélange de plusieurs choses. Les changements que nous avons apportés, la façon dont nous avons joué, la façon de gérer le temps… Nos gars ont commencé à se fatiguer et (les joueurs de Santos Laguna) ont fait monter la pression. Maintenant que je suis coach, je vois ça de façon différente, je vois ce qu’il aurait été possible de faire.