Helder Duarte entraîne des équipes féminines depuis plus de 30 ans. Viau Park s’est entretenu avec lui pour discuter de son parcours personnel et de l’évolution du soccer féminin.
Le natif des Açores a entraîné sa première équipe en 1983, les Challengers de Sept-Îles, qu’il a mené à la médaille de bronze à la Coupe du Québec. Il a ensuite entraîné la formation masculine de l’Université de Moncton en 1988-1989. Puis, il a déménagé à Québec et est devenu l’entraîneur du Dynamo U-18 féminin en 1993 et de l’équipe senior l’année suivante. « J’ai commencé à coacher des filles par défaut à Québec parce qu’il manquait d’entraîneurs. Finalement, j’ai bien aimé ça! », lance celui qui a fondé la division féminine du Rouge & Or en soccer en 1995 et qui en est l’entraîneur depuis.
Une période d’adaptation
À ses débuts, Duarte était très dur envers ses joueuses. Le principal intéressé le confirme : il en a fait pleurer plusieurs. « Je leur parlais comme si c’était des gars! », se rappelle-t-il. Son adjointe à l’époque lui a suggéré de modifier son comportement, ce qu’il n’a pas tout de suite accepté. « Au début, je ne voulais pas piler sur mon orgueil. Mais elle m’a dit : ‘si tu veux gagner il va falloir que tu changes.’ Les temps ont changé. Maintenant, il y a plus de dialogue. Dans le monde de communication dans lequel nous vivons, les athlètes veulent savoir pourquoi on fait telle chose, etc. », poursuit-il.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie? « Avec des gars, on peut se parler dans le casque. Pour les filles, parfois, en voulant les pousser, on peut les brusquer. Je trouve aussi que souvent, les filles manquent de confiance. Il y a souvent de très bonnes joueuses à qui on n’a pas su leur donner une confiance en elles, donc elles n’osent pas faire des choses sur le terrain. Je crois que c’est le rôle de l’entraîneur de les encourager et de leur donner cette confiance », souligne-t-il.
Un jeu différent
Il n’y a pas que lui qui a évolué au cours des années. Le soccer féminin s’est lui aussi grandement transformé. « Les joueuses sont beaucoup plus techniques et comprennent beaucoup plus le jeu qu’auparavant. La vitesse de jeu s’est améliorée et il y a également plus de construction », note Duarte.
Au cours des années, le soccer est devenu un sport très prisé par les jeunes filles. Parmi les facteurs, notons les performances de la sélection féminine canadienne, qui font en sorte que les plus jeunes ont des modèles à suivre. « Les joueuses sont plus connaisseuses qu’il y a 25 ans. Avant, personne ne se posait des questions, alors que maintenant, on peut dialoguer avec elles et prendre des décisions ensemble. Elles peuvent remettre en doute les tactiques », ajoute celui est entraîneur-cadre de l’ARS Québec depuis 1996.
Néanmoins, pour continuer le développement du soccer féminin, Duarte est d’avis qu’il faut davantage de femmes entraîneures. « Il y a très peu d’entraîneures de haut niveau. Selon ce que mes anciennes joueuses me disent, les femmes ont moins de temps à consacrer à ce rôle. Elles fondent une famille, elles veulent être là pour leurs enfants, les voir grandir… alors que les pères, parfois, on prend plus de largesses, du moins, c’est mon cas! », lance-t-il en riant.
Un palmarès bien garni
Durant sa carrière, Helder Duarte a été décoré à plusieurs reprises. Il a notamment reçu cinq fois le titre d’entraîneur de soccer universitaire de l’année au Québec (1996, 2002, 2007, 2014, 2015). Il a été élu entraîneur national de l’année en 2014 et a également été nommé entraîneur de l’année U Sports à deux reprises, soit en 2002 et en 2015. Sur le terrain, il a mené le Rouge & Or à la conquête du championnat canadien en 2014, une première pour une équipe québécoise, et a répété l’exploit en 2016.
Avec un tel palmarès, que peut-on souhaiter à l’entraîneur pour la suite? « Ce serait bien de gagner un titre avec le Dynamo en PLSQ et un autre championnat canadien avec l’Université Laval. Les plus beaux moments, je les ai vécus lorsque j’ai gagné les championnats canadiens. C’est toujours plaisant de gagner avec des joueuses différentes! », affirme-t-il.
On surveille donc le Dynamo de Québec cet été en PLSQ-F, dont Helder Duarte est le directeur technique, et le Rouge & Or de l’Université Laval, qui reprendra ses activités en août.