Le jeune Bernier

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Rassembleur. Travaillant. Intelligent tactiquement. Bonne vision. Attitude professionnelle.

Ce sont toutes là des qualités qu’on retrouvait chez Patrice Bernier, le vétéran milieu terrain qui a terminé sa carrière avec l’Impact à l’âge de 38 ans, l’automne dernier. Mais ce sont également des qualités qu’avait le jeune Patrice Bernier quand il a fait ses débuts dans les rangs professionnels à 20 ans, avec l’Impact lors de la saison 2000.

« Il jouait bien, il était déjà confiant dans son jeu », se rappelle Abraham François, qui a assisté aux débuts de Bernier, alors qu’il faisait lui aussi partie du fort contingent de jeunes joueurs québécois que l’Impact comptait à l’époque. « Il était un leader, pas tellement vocalement, mais en ce sens qu’il était un exemple à suivre sur le terrain.

« Et à l’extérieur du terrain, je n’ai jamais vu Patrice en conflit avec personne. Toujours gentil, toujours souriant, il parlait avec tout le monde, ç’a toujours été le gars que les gens aimaient avoir dans leur entourage. »

« Il était travaillant, il avait une bonne vision du jeu, il faisait de bonnes passes », se souvient quant à lui Kyt Selaidopoulos, qui a disputé une première saison au soccer extérieur avec l’Impact en 2000 après avoir joué au soccer en salle dans la NPSL avec le club montréalais.

« (Bernier) était attentif, il voulait toujours en apprendre plus, a ajouté celui qui est aujourd’hui l’entraîneur-chef de la sélection canadienne de futsal. Il était de toutes les conversations parce qu’il voulait en savoir plus sur la tactique impliquant les différentes positions, il voulait savoir pourquoi on jouait d’une telle façon… Il avait déjà une attitude très professionnelle à un jeune âge, notamment en raison de la façon dont il s’occupait de son corps, de son comportement en dehors du terrain… »

« Il était technique, rapide, il avait un bon cardio », a par ailleurs dit François, qui a complété sa carrière dans les rangs professionnels en 2016, avec les Griffons de Mont-Royal Outremont de la Première ligue de soccer du Québec. « La seule chose qui m’empêcherait de dire qu’il était déjà un joueur complet à cet âge, et c’est normal parce qu’il était encore jeune, c’est qu’il n’était pas encore le gars qui allait marquer régulièrement, à chaque deux ou trois matchs. Mais à part ça, il était complet dans son jeu. Il était assez physique pour tenir le ballon, déroutant dans son jeu avec ses feintes – nous, on l’appelait le petit Brésilien. »

Malgré toutes ces qualités, il était difficile de prévoir, à cette époque, que Bernier allait connaître une aussi belle et longue carrière en Europe – avec Moss (Norvège), Tromso (Norvège), Kaiserslautern (Allemagne, 2e division), Nordsjaelland (Danemark) et Lyngby (Danemark), de 2003 à 2011.

« Je trouvais qu’il avait le potentiel pour le faire, a indiqué François. Mais c’était difficile à prédire en même temps parce que je ne l’avais jamais vu dans l’adversité. Quand, par exemple, ça va mal depuis quatre ou cinq matchs, quand l’entraîneur te met de la pression dessus et que tu risques de perdre ta place, comment le joueur va réagir… Va-t-il rentrer dans sa coquille, va-t-il se surpasser? »

Ça, c’est surtout lors de la deuxième phase de la carrière de Bernier avec l’Impact qu’on l’aura vu! Et qu’on a constaté qu’il s’est comporté admirablement bien dans les circonstances.

« Patrice en parlait toujours, de l’Europe, a de son côté indiqué Selaidopoulos. Il n’a jamais dévié de son objectif, et il a fait beaucoup de sacrifices en quittant le Québec pendant une aussi longue période. »

En 2000, Bernier a su se faire une place au sein d’une équipe de l’Impact qui était en reconstruction partielle après une année d’absence au soccer extérieur (en 1999) et qui avait ouvert la porte à un bon nombre de jeunes. Comme François et Selaidopoulos, mais aussi des joueurs tels que Josué Mayard, Vladimir Edouard, Patrick Leduc, Antonio Ribeiro et, un peu plus tard, Ali Gerba.

Malgré un début de saison cahoteux qui a mené au congédiement de l’entraîneur Zoran Jankovic après quatre matchs (fiche de 1-3), l’arrivée en poste de Valerio Gazzola a fini par stabiliser l’équipe, qui a connu de bonnes séquences même si elle n’a pas accédé aux séries éliminatoires.

« Valerio, quand il est rentré, a fait un bon travail parce qu’en deuxième moitié de saison, on était une des meilleures équipes de la ligue, a indiqué Abraham. Et Patrice, c’est clair qu’il était au centre de ça, avec Ali aussi. »

Bernier, le vétéran, a également été au coeur des succès de l’Impact en MLS. Un Bernier qui était le même qu’à ses débuts, mais avec l’expérience en plus.

« Jouer en Europe, et jouer avec de meilleurs joueurs l’a beaucoup aidé à mieux comprendre le jeu », a dit Selaidopoulos de celui qui a disputé 73 matchs (5 buts, 12 passes décisives) en trois saisons avec l’Impact avant de quitter pour le Vieux Continent et ensuite revenir au bercail en 2012. « Peut-être qu’il était moins rapide ces dernières années, peut-être qu’il était moins résistant physiquement, et il avait d’autres choses dans sa vie comme sa famille et ses enfants, mais sa maturité lui a permis de continuer à bien jouer, en raison de son intelligence. Les courses qu’il faisait à 20 ans, il ne le faisait plus ces dernières années, mais c’était parce qu’il était bien placé sur le terrain. »

«Tout ce qu’il a eu dans sa carrière, Patrice l’a mérité, a souligné François. Il a travaillé fort. C’était bien aussi qu’il ait été bien encadré par ses parents. C’est là quelque chose d’essentiel. »