Nevio Pizzolitto au coeur de l’histoire de l’Impact

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C’est en 1995 que Nevio Pizzolitto a officiellement amorcé sa carrière avec l’Impact de Montréal parce c’est à ce moment-là qu’il a signé son premier contrat professionnel. Mais dans les faits, c’est l’année précédente que son parcours avec le onze montréalais a commencé.

Car Pizzolitto s’est entraîné avec le club tout au long de l’été 1994. Il l’a fait à la demande de Valerio Gazzola, l’entraîneur-chef de l’Impact, qui avait aussi été entraîneur adjoint avec la sélection canadienne qui avait pris part à la Coupe du monde U-17 de la FIFA à la fin de l’été 1993 au Japon. Pizzolitto avait fait partie de cette équipe et Gazzola voulait continuer de suivre son évolution même s’il jouait pour le Sporting-Patriotes dans la LSEQ.

« Je me suis entraîné avec l’Impact à tous les jours ou presque, a indiqué Pizzolitto lors d’un entretien avec Rétrosoccer. Ç’a été une étape très importante de ma carrière. Au lieu de seulement jouer contre des adolescents de 16 ans, j’affrontais des athlètes de 30 ans (en matchs simulés).

« C’était très intimidant au début », s’est souvenu celui qui a disputé 291 matchs avec l’Impact de 1995 à 2011 et qui a récemment accepté d’être immortalisé au Mur de la renommée de l’Impact en compagnie de Gabriel Gervais. « Le seul autre jeune dans l’équipe était Mauro (Biello), qui avait quand même quatre ans de plus. J’ai beaucoup appris, surtout à côtoyer Jean Harbor, Philip Gyau, Patrice Ferri, Enzo Concina… En raison du temps que j’avais passé au Centre national de haute performance à Montréal, j’avais pu m’habituer à la présence des joueurs comme Rudy Doliscat, Nick De Santis, John Limniatis (et les autres Québécois), mais de m’entraîner avec des joueurs qui venaient de l’extérieur… C’était une sensation très différente. »

N’étant pas sous contrat, Pizzolitto n’a pas officiellement fait partie de l’équipe montréalaise qui a décroché le championnat de l’APSL en 1994, mais il a vu le parcours de l’équipe de près.

« Ce que j’ai surtout remarqué, c’est la constance dont les gars faisaient preuve dans leur jeu, a indiqué Pizzolitto. Et une fois que les séries ont commencé… c’était frappant à quel point ils ont réduit les erreurs à presque zéro. Ce n’était pas nécessairement du super beau soccer, mais ils étaient vraiment efficaces. »

Celui qui allait devenir capitaine de l’Impact en 2010 a également profité de ses premières années avec le club pour observer le genre de leadership qu’exerçaient les joueurs québécois du onze montréalais à l’époque. Ceux-ci se sentaient investis d’une mission bien particulière puisqu’ils faisaient partie de la première génération ‘post-Manic’; c’était à eux de forger l’identité du soccer professionnel montréalais, et donc d’écrire l’histoire.

« Les gars à cette époque-là parlaient plus, ils prenaient vraiment les rênes de l’équipe et ils étaient plusieurs à le faire – Grant (Needham), Mauro, Nick, John, Pat (Harrington), Rudy… C’était un leadership qui avait plus d’intensité, je dirais, ils voulaient vraiment s’assurer que tout irait bien, a décrit Pizzolitto. À mon époque (dans les années 2000), nous avions un bon groupe de meneurs, mais nous étions moins intimidants (pour les plus jeunes), je dirais. »

Pizzolitto a vécu plusieurs moments de gloire comme les championnats de ligue en 2004 et 2009, ainsi que la participation en Ligue des champions de la CONCACAF en 2008-09 qui a mené l’équipe jusqu’en quarts de finale contre Santos Laguna.

De cette dernière, il retient évidemment ce match aller des quarts disputé le 25 février 2009 devant 55 571 spectateurs au Stade olympique, qui s’est avéré une première à plusieurs égards. En raison de l’assistance, un record pour un match de l’Impact à l’époque, mais aussi en raison de l’atmosphère inédite. Une atmosphère que Pizzolitto n’avait jamais même rêvé de vivre puisqu’il n’avait jamais vu ça.

« Avec les équipes nationales, quand nous allions jouer au Honduras, c’était normal de jouer devant 30 000 ou 40 000 partisans (hostiles). Ou encore, quand le Canada jouait au pays, il y avait du monde mais la moitié des partisans encourageaient l’équipe adverse, a noté Pizzolitto. Tandis que pour ce match-là, les 55 000 spectateurs étaient derrière nous, ils étaient tous habillés en bleu. C’est ce qui a rendu ce match-là à ce point inoubliable. »

C’est quand même le championnat de la A-League de 2004 qui représente le souvenir le plus doux pour Pizzolitto. Notamment en raison de la finale, remportée 2-0 contre les Sounders de Seattle, qui est venu confirmer une saison régulière au cours de laquelle l’Impact avait affiché un dossier de 17-5-6 et terminé à un seul point des Timbers de Portland et du premier rang au classement général.

« J’avais fait la passe décisive sur le but d’assurance de Freddy Commodore en finale, sur une talonnade, a raconté Pizzolitto. Juste avant, Seattle avait fait une substitution, c’était un joueur qu’on connaissait peu parce qu’il n’était pas un titulaire, nous savions seulement qu’il était rapide – mais pas à quel point. Dès qu’il s’est retrouvé sur le terrain, il a eu le ballon et je me suis avancé pour le défier, mais il m’a battu et il a tiré… sur la transversale. Quelques secondes plus tard, je faisais le jeu qui menait au but de Freddy. Donc ç’aurait pu virer très mal, mais ç’a bien fini. Je me souviens d’avoir été particulièrement émotif à ce moment-là. »

D’autant plus qu’avec une avance de 2-0, de la façon dont la défensive de l’Impact avait été dominante cette année-là (15 buts accordés en 28 matchs du calendrier régulier), le titre était désormais dans le sac.

« Il restait quelque chose comme huit à 10 minutes à jouer et aucune équipe n’avait marqué deux buts aussi rapides contre nous cette année-là, a indiqué Pizzolitto. Alors, oui, nous étions pas mal convaincus que c’était dans le sac. »

Il n’y a pas que l’équipe des séries de 1994 qui limitait les erreurs au minimum.