En attendant les renforts…

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Quand Joey Saputo a annoncé en novembre dernier que Rémi Garde remplacerait Mauro Biello au poste d’entraîneur-chef de l’Impact, nombreux ont compris que les choses allaient profondément changer entre les murs de la Caserne Letourneux. Certains se sont mis à rêver à l’arrivée massive de joueurs de haut calibre, d’autres à de nouvelles façons de recruter, mais tous s’attendaient avec raison à de profonds changements dans l’effectif. Toutefois, si les visages ont beaucoup changé, on ne peut pas dire que l’effectif est largement supérieur à celui qui arpentait le terrain en 2017.

Les joueurs
Lorsque l’Impact et Rémi Garde ont décidé d’envoyer Laurent Ciman sous le soleil californien, l’organisation semblait envoyer le message que personne n’était intouchable et que par conséquent, il faudrait s’attendre à voir beaucoup mouvement de personnel durant le mercato. Toutefois, après une période d’une dizaine de jours plutôt active du côté du Bleu-Blanc-Noir, les mouvements ont brutalement stoppé et à plusieurs reprises, on a senti chez l’entraîneur-chef une certaine impatience qui laisse entendre que le mercato est plus difficile qu’on ne l’aurait souhaité. Faisons le point, ligne par ligne.

Gardiens
Peu de changements ont eu lieu. Bush demeure en place, son substitut change d’identité et ne semble pas avoir ce qu’il faut pour s’imposer comme titulaire. Tout repose donc sur le travail que Joël Bats fera avec Evan Bush, qui avait connu une saison de misère en 2017.

Défenseurs
Ici, l’expression « quatre trente sous pour une piasse » s’applique à merveille. Si l’arrivée de Zakaria Diallo s’annonce prometteuse, il faut reconnaître que le franco-sénégalais ne fait que remplacer numériquement Laurent Ciman. Les deux pratiquent sensiblement le même style de jeu, bien que Diallo soit peut-être plus habile que le Belge de la tête. À ses côtés, Cabrera, bien qu’on sente que Garde et ses collègues soient activement en mode recrutement. Sur les flancs, Petrasso amène beaucoup de fougue et d’énergie (ce qui vient toutefois avec des erreurs de jugement), tandis que Raitala n’est pas parvenu à s’imposer clairement sur Daniel Lovitz. Il est pour le moment impossible de prétendre que la défense de l’Impact est meilleure qu’en 2017.

Milieux
La grosse amélioration par rapport à 2017 se trouve sur le flanc droit, où Raheem Edwards, grâce à quelques flashs de brillance lors des matchs préparatoires, semble avoir comblé le trou qu’on y trouvait depuis 2016. Dans l’axe, Piette a logiquement délogé le vieillissant Donadel et le nouveau venu Taïder amène une énergie et une percussion que Patrice Bernier n’arrivait plus à fournir. Devant eux, toutefois, c’est le gouffre laissé par le départ de Dzemaili qui inquiète; si Vargas semble posséder beaucoup de qualités, difficile de croire qu’il pourra rapidement égaler l’apport offensif du Suisse.

Attaquants
Un renfort est nécessaire, puisqu’à la vue des épisodes du dernier mois, on comprend que Mancosu se cherche toujours et que Jackson-Hamel a des pépins physiques. S’il est convaincu qu’il peut leur ravir le poste, Salazar est toutefois trop erratique dans la surface pour pouvoir s’insérer dans le XI de départ. Oduro, quant à lui, ne joue carrément plus pour l’Impact de Montréal.

Le jeu
Si l’effectif est, pour l’instant du moins, presque l’égal de celui de 2017, le système de jeu, lui, est nettement plus structuré que ce qu’on a pu voir sous l’ère Biello. Notion vague, voire un peu ésotérique, lors des deux dernières saisons, le bloc défensif est désormais une réalité. Chaque joueur semble jouer en réfléchissant à ce qu’il doit faire, ce qui sous-entend qu’il a reçu des directives claires sur son rôle sans le ballon. Rémi Garde a de toute évidence éclairci les tâches défensives du groupe avant de s’attaquer au plus gros chantier : l’animation offensive. Malgré des signes encourageants dans le dernier match de préparation contre New York City FC, comme en 2017, l’Impact peine à créer le danger quand il a la possession. Toutefois, la chose qui change le plus par rapport à 2017 est la rapidité des joueurs sur le terrain. Si certains prenaient la mauvaise habitude de calmer le jeu pendant les contre-attaques, les Taïder, Edwards et Petrasso filent plutôt à vitesse grand V. Cela pourrait aider grandement à ressusciter la dévastatrice contre-attaque montréalaise qui ne surprenait plus personne depuis belle lurette.

Bref, l’Impact a beaucoup changé, avec bon nombre de nouveaux visages parmi ses titulaires, mais ne s’est pas radicalement transformé. Le mercato a permis des ajustements, mais n’a pas comblé les failles. Dans l’absolu, les problèmes demeurent pour le moment les mêmes qu’en 2017 : un gardien erratique, une défense fragile (qui devrait toutefois profiter d’une organisation défensive mieux structurée) et un manque d’animation offensive. Rémi Garde pourra-t-il compenser par son coaching en attendant l’arrivée, aussi tardive que nécessaire, de renforts? Les réponses commenceront à arriver dimanche à Vancouver.