Québec serait-elle la ville des équipes fantômes? Dans l’ombre de la Nordiques Nation, qui soutient l’idée de ramener une équipe de hockey de la LNH à Québec, est né le groupe de supporters Cap Diamant, qui fait quant à lui la promotion de l’ajout à la Première ligue canadienne (PLC) d’une équipe basée dans la Vieille Capitale. Mais qui sont-ils?
« Premièrement, nous sommes des passionnés de soccer, explique Antoine Bruneau-Bouchard, porte-parole du groupe de supporters Cap Diamant. Depuis que la ligue est officiellement sanctionnée, plus d’une dizaine de groupes sont nés un peu partout au Canada de manière organique. Lorsqu’on a vu que Halifax et Regina étaient rendus avec des groupes de supporters pour des équipes qui n’existent pas encore, on s’est dit qu’il fallait créer un groupe pour la ville de Québec! » Ainsi voyait le jour le groupe de supporters Cap Diamant, issu d’une mouvance qui n’est pas sans rappeler le travail acharné des Sons of Ben, supporters de l’Union de Philadelphie, véritable groupe de lobbying pro-MLS actif plusieurs mois avant que la ligue n’octroie une franchise à la ville de l’amour fraternel. De fait, les mots d’Antoine Bruneau-Bouchard confirment l’impression. « Notre but premier est de créer un mouvement qui va supporter une équipe de la Première ligue canadienne à Québec. »
Si les débuts sont modestes – le groupe ne compte qu’une dizaine de membres – le Cap Diamant espère toutefois recruter et se garde bien de s’imposer des obstacles pour y parvenir. « Notre véhicule principal, c’est les réseaux sociaux, où l’on essaie de créer un buzz tout en essayant de recruter des gens qui partagent notre passion pour le soccer, explique Bruneau-Bouchard. Notre groupe est inclusif et ne requiert pas pour l’instant d’avoir une carte de membre. » Comme plusieurs membres résident à l’extérieur de Québec, le groupe n’a pas encore organisé d’activités publiques, mais cela n’est pas exclu. Pour l’instant, les efforts sont axés sur le recrutement. « Nous sommes toujours à la recherche de membres actifs dans la région de Québec qui auraient envie de nous aider à faire avance le rêve d’une équipe professionnelle de soccer à Québec. » Bruneau-Bouchard invite d’ailleurs les personnes intéressées à contacter le groupe via ses comptes Facebook et Twitter.
Si le groupe se dit indépendant de la ligue, il entretient toutefois des contacts avec Roy Nasrala, directeur du marketing de la Première ligue canadienne. Selon Bruneau-Bouchard, la ligue désire faire en sorte que les groupes de supporters fassent partie intégrante de l’expérience de la PLC. D’ailleurs, les dirigeants semblent vouloir donner une voix aux supporters, qu’ils aient une équipe ou non. « La ligue travaille sur un « CanPL Hub », où tous les groupes de supporteurs vont pouvoir interagir. Même les groupes qui n’ont pas d’équipe seront inclus afin de créer une communauté virtuelle de partisans à travers le pays. » En bons Québécois, les responsables du Cap Diamant veillent à ce que le français soit présent dans les discussions. « On lui [Roy Nasrala] a indiqué que les partisans du Québec voudront assurément une section francophone. Ça reste à voir. »
La question qui revient toujours en tête de liste lorsqu’on aborde le sujet d’une équipe de PLC à Québec est évidemment l’endroit où elle pourrait jouer ses matchs. Loin d’être idéal pour le soccer, le stade de l’Université Laval demeure l’unique solution à court terme pour une ligue de cette envergure. Mais pour Bruneau-Bouchard, un stade dédié à l’équipe est loin d’être une idée farfelue. « Le Stade Telus est vraiment bien et il pourrait très bien servir à court terme. Mais d’après ce qu’on entend, la ligue semble avoir un penchant pour les stades modulaires avec comme objectif une capacité d’environ 7000-8000 sièges. On espère donc que l’équipe aura son propre stade à moyen-long terme. » Une solution, donc, pour un stade adéquat et relativement peu coûteux. Toutefois, il faut aussi trouver un endroit où le construire, ce qui n’est pas toujours simple. « L’endroit idéal pourrait être difficile à trouver, mais ce serait magique d’avoir un stade proche des Plaines d’Abraham. Sinon, des quartiers comme ceux de Limoilou, Montcalm, Saint-Roch, Vanier et Sillery pourraient être une destination intéressante. »
Les clés de la réussite
L’histoire nous l’a bien démontré : une ligue canadienne qui marche et s’inscrit dans la durée est loin d’être une garantie. Toutefois, l’absence des trois grands centres urbains du Canada, au profit de villes de moindre envergure où l’offre sportive et de divertissement est moins étoffée, pourrait très bien être un atout pour la PLC. Mais pour réussir, chaque équipe devra tenir compte de réalités différentes, ce que la ligue semble avoir compris, puisqu’elle est très présente sur le terrain pour bien saisir les enjeux locaux. Et on le sait, autant le Québec est très différent du Canada, autant la ville de Québec est très différente du reste de la province. Toutefois, selon Bruneau-Bouchard, outre un stade sur mesure avec pelouse naturelle, les paramètres à ne pas négliger pour assurer la réussite d’une équipe de PLC dans la Vieille Capitale sont relativement simples : des joueurs québécois, des joueurs francophones, du succès sur le terrain, un groupe de propriétaire prêt à investir dans le sport et à s’impliquer dans la communauté, mais aussi l’appui des régions avoisinantes, de l’Estrie à la Côte-Nord en passant par le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Bref, récupérer habilement tous les fervents admirateurs de soccer qui seraient trop loin de Montréal pour aller y supporter l’Impact…
Dans le soccer, au Canada comme au Québec, supporter activement une équipe établie est un exercice qui peut s’avérer ardu par moments. Supporter l’idée ou plutôt l’éventualité d’une équipe demande une motivation sans limites. Toutefois, si l’équipe n’est pas encore une réalité concrète, le simple fait d’être là avant elle, aux premières loges, ou carrément au cœur des développements qui lui permettront éventuellement de naître, doit être extrêmement grisant. L’initiative du groupe de supporters Cap Diamant doit être saluée, soutenue et encouragée.