L’Impact tout en points d’interrogation

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L’arrivée de Rémi Garde, à qui on semble avoir conféré les pleins pouvoirs, a de quoi stimuler les supporters montréalais. Après une longue hésitation sur le plan du recrutement en vue de la saison 2018, ponctuée d’une transaction avec Los Angeles qui aura soulevé l’ire de plusieurs et causé une certaine impatience, l’Impact a finalement déclenché une avalanche de signatures entre le 18 et le 22 janvier.

Des arrivées encourageantes, mais aucune garantie
Sans aucun doute, on a rarement vu un mercato aussi intensif… à part peut-être en 2012, alors que l’Impact était une équipe d’expansion et devait créer son effectif de toutes pièces. D’ailleurs, vu l’ampleur des changements apportés, notamment la disparition de plusieurs cadres de l’équipe pour diverses raisons et l’arrivée d’un nouvel entraîneur, le travail qui devra être fait durant la préparation ne sera pas étranger à celui que le LAFC devra effectuer à l’aube de sa première saison en Major League Soccer. Nouveaux visages, nouvelle façon de travailler, nouveau système de jeu… À l’instar des joueurs, peu d’éléments tactiques de 2017 reviendront, et à la vue du spectacle parfois déplorable auquel on a eu droit, on ne peut qu’être optimiste.

Toutefois, si les arrivées sont sur papier intéressantes, elles recèlent aussi leur lot de points d’interrogation. Penchons-nous sur les principaux nouveaux venus.

Saphir Taïder
Le nouveau numéro 8 et joueur désigné de l’Impact de Montréal nous arrive de Bologne, où il ne semblait plus dans les cartes de l’entraîneur. Si Saphir Taïder possède le profil idéal pour combler l’énorme trou existant au centre du onze montréalais, son style de jeu efficace mais peu spectaculaire axé sur la récupération et le jeu simple dépendra fortement du bon positionnement et de l’intelligence de jeu de ses coéquipiers, paramètres relativement aléatoires dans une ligue comme la MLS. Taïder devra donc développer rapidement une complicité avec les joueurs qui l’entourent, notamment Piette ou Donadel, si Rémi Garde décide de placer deux médians devant la défense.

Zakaria Diallo
« C’est vrai que j’aime bien le duel et j’aime aussi jouer au ballon », disait le défenseur franco-sénégalais en entrevue lors de sa présentation aux médias cette semaine. Vérification faite, c’est vrai, l’Impact a trouvé un défenseur qui joue comme Ciman (ce qu’il cherchait, m’a-t-on soufflé à l’oreille). S’il a un penchant moins marqué pour les tacles glissés que le Belge, c’est vrai que Diallo a une petite tendance à sortir de la défense, surtout sur les balles aériennes. Car c’est là son principal atout sur le Général : sa taille. À 1,94 m, Diallo mesure 10 centimètres de plus que Ciman. Heureusement, car l’argument de l’âge, avancé par Rémi Garde après avoir envoyé Lolo en Californie, n’aurait peut-être pas suffi. Le problème est qu’en remplaçant Ciman par un joueur qui joue sensiblement de la même manière, les problèmes de complémentarité avec Victor Cabrera devraient normalement refaire surface. Mais attendons, puisque Garde a déjà mentionné qu’il avait l’œil sur un autre défenseur central. Cependant, Diallo, tombé en défaveur du côté de Brest, n’a pas foulé la pelouse en match officiel depuis plusieurs mois. La reprise pourrait être difficile.

Jeisson Vargas
Ici, l’Impact fait clairement dans l’expérimentation. Si les difficultés sur et en dehors du terrain du jeune Chilien, autrefois perçu comme une des prochaines grandes stars du football mondial, n’étaient pas suffisantes pour vous convaincre que rien n’est acquis dans son cas, l’Impact a envoyé des signaux de fumée pour confirmer le tout : Vargas arrive à Montréal avec en poche un contrat d’un an assorti de deux ans et demi en option. En somme, on t’aime bien Jeisson, mais on ne veut pas trop s’investir. Avec raison. Toutefois, si le milieu offensif se concentre sur son travail, joue à la hauteur de son talent et, mieux encore, trouve des affinités avec Piatti, on pourrait avoir droit à certains des plus beaux feux d’artifice vus depuis longtemps sur la pelouse du stade Saputo. Vargas est une excellente prise, mais la ligne entre réussite et naufrage est très mince.

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Si l’on se penche sur le onze probable de l’Impact si la saison commençait aujourd’hui, on remarque d’une part que c’est mieux qu’en 2017, mais d’autre part que c’est encore trop mince pour pouvoir prétendre jouer les premiers rôles. Heureusement, le chantier des collègues Garde et Braz ne semble pas terminé, et le directeur technique prétend même avoir l’espace de manœuvre nécessaire pour embaucher un troisième joueur désigné. En plus du défenseur central annoncé (qui pourrait être le Lyonnais Mapou Yanga-Mbiwa selon les dernières rumeurs), il est évident qu’une solution devra être envisagée pour pallier le trou béant sur le flanc droit, ou les quelques options possibles sont plutôt inadéquates. Enfin ça, c’est si Garde place Jeisson Vargas comme milieu offensif central. S’il joue à droite, alors le trou se transposera au milieu.

Et puis il reste la question des attaquants. Si Mancosu sort d’une saison catastrophique, il faut bien reconnaître que le fouillis qui régnait en milieu de terrain en 2017 l’a peu avantagé. Quant à lui, Jackson-Hamel a connu une bonne saison, mais surtout grâce à ses réussites comme joker en fin de match. Difficile de prétendre que l’un ou l’autre a l’ascendant pour le poste de titulaire. Un renfort est une possibilité.

Il faudra évidemment voir le ou les dispositifs tactiques employés par Garde. Les réponses commenceront à arriver avec les premiers matchs préparatoires. Chose certaine, le mercato n’est pas terminé, et on peut donc s’attendre à ce que certains des points d’interrogation s’effacent d’ici le début de la saison.

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