Maisonneuve comme point de départ

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Tout a commencé avec le National. En fait, non. Tout a commencé avec les Maisonneuve Rovers. Mais c’est le National qui a allumé le feu.

Un jour, devant le palmarès de la Coupe du Québec, mon œil est attiré par le vainqueur de 1940 : les Maisonneuve Rovers. Je connaissais Vickers, vainqueur en 1916 et 1918, mais une AUTRE équipe dans Maisonneuve, là où j’habite, a gagné la Coupe du Québec? Curiosité instantanément piquée.

Mes recherches initiales restent sans résultat, mais prennent un tournant inattendu. Je découvre l’Association athlétique d’amateurs le National, principale association sportive canadienne-française, établie dans Maisonneuve en 1894, et qui possédait dans les années 1900 une des meilleures équipes de crosse du Canada (constituée presque exclusivement de joueurs canadiens-français). À l’époque, la crosse était un sport largement pratiqué et surpassait le baseball en popularité comme sport estival. En 1910, le National se rend à Cornwall afin d’affronter l’équipe locale pour le titre de l’est du Canada et une place en finale de la Coupe Minto (le championnat national). Le match se joue devant 6 000 spectateurs, dont 3 000 venus de Montréal!

Mais je m’égare, revenons à mes recherches…

Curieux d’en savoir plus sur le phénomène du National (devenu la Palestre Nationale), et surtout sur l’endroit de mon quartier où l’on pouvait jouer à la crosse devant des milliers de spectateurs dans les années 1900, je découvre que le National possédait un stade situé tout juste à côté du Marché Maisonneuve (le marché fut toutefois construit en 1912). Me souvenant de l’existence d’une banque d’images aériennes dans les Archives de Montréal, je me lance, par curiosité : les photos sont trop récentes (1947), le stade a disparu. Tant pis.

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Le stade du National en 1911. [Insurance plan of City of Montreal, Quebec, Canada, volume VI, 1911. BAnQ.]
 Je reviens donc au motif de départ de mes recherches : le foot. Parcourant les images aériennes à la recherche d’endroits ayant pu accueillir les vainqueurs de la Coupe du Québec en 1940, je ne trouve malheureusement rien. Et puis, Vickers (plus précisément le Canadian Vickers AFC), c’est résolument trop vieux, son terrain doit avoir disparu depuis belle lurette (même en 1947). En fait… non, peut-être pas. On m’avait dit que le club était encore actif dans les années 1950 et jouait sur le terrain du East End Boys Club (aujourd’hui le YMCA Hochelaga), bordé par les rues Bennett, Aird et Boyce (désormais Pierre-de-Coubertin).

Focus, donc, sur les installations de la Canadian Vickers, juste au cas. Pas de chance : un terrain vague est situé aux abords du chantier maritime. Mais, un zoom plus tard, tout bascule : le terrain, bien qu’en mauvais état, est bien là; on distingue nettement les lignes, les buts… et aussi les lignes de football-avec-les-mains, tout comme le terrain de baseball. Incroyable. Le terrain du Canadian Vickers AFC est là, à quelques mètres seulement du centre d’entraînement de l’Impact. Je n’ai pas trouvé d’informations sur les Rovers, mais j’ai trouvé un terrain, celui du mythique Canadian Vickers AFC!

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Le terrain du Canadian Vickers AFC en 1947. [Archives de Montréal, VM97-3_7P7-49]
C’est comme ça qu’ont débuté mes recherches sur l’histoire du football au Québec. Cette chronique vous permettra de suivre l’évolution de mes recherches d’abord axées sur Maisonneuve, puis sur les terrains, puis devenues plus étendues. Je vous ferai part de découvertes, d’anecdotes, de faits historiques. Parce que le foot québécois possède une riche histoire qui a trop souvent été ignorée.

Dans le prochain épisode, je vous expliquerai les répercussions d’une trouvaille de dernière minute qui a (fort heureusement) stoppé net la publication d’un article sur le foot à Maisonneuve… et lancé la recherche de Viau Park.